La peur de l'échec
Je fais un gros coma pour le moment et je n'ai plus la foi (ou de foie).
Tout tourne en rond et plus rien ne me plaît, je suis une blasée de la vie. Je suis la meuf chiante qui n'a plus envie, sous prétexte qu'elle a touvu/toubu/touconnu.
Je me suis surprise à écouter No Surprises tout à l'heure. Je suis contente quand il pleut parce que ça me change des larmes. Je transpire la démotivation et la soumission, une odeur que je suis la seule à sentir, que j'essaye de cacher par tous les moyens. Une odeur nauséabonde de j'ai-pas-envie qui fait son bout de chemin et qui s'éternise dans mes narines, à mon insu.
Et pourtant je sors, je trompe l'ennui, j'écume les villes, voulant crier au monde qu'ils ne sont que des cons qui n'ont rien compris à la vie, je marche comme une zombie juste pour oublier, je cours, je chante dans la rue, j'essaie d'expulser mon mal-être, de me défouler mais rien y fait, la vie tourne inlassablement, calmement, dans le même sens, je suis fatiguée. J'ai un sourire en carton. Je continue à prier pour que mon coeur devienne moins exigeant, plus aimant, plus indulgent, et qu'il aille mieux d'ici peu.
J'aime plus sortir, mais j'aime plus être chez moi non plus. Oui, je vis très bien ma dualité, merci.
Je suis devenue débile et banale, je ressemble enfin à tout le monde, je me fonds mieux dans la masse. J'ai arrêté de réfléchir parce que ça me rendait malade, de se sentir toujours en décalé, pas à sa place. Maintenant, je suis dedans mais je suis quelqu'un d'autre. La passivité, l'absence de stimulation, le réflexe de choisir le moins souvent, c'est moins crevant. J'écoute une version rock garage punk de No Woman no Cry et ça me choque même pas.
En plein conflit avec moi même, dans ma tête ça s'engueule et ça crie, j'arrive plus à me supporter, j'arrive juste à être insatisfaite tout le temps. J'ai oublié ce que je veux, j'ai jamais eu ce que je voulais, et j'ai maintenant la flemme de vouloir des choses pour plus tard. Je suis bloquée dans mon propre labyrinthe. Parano, je me persuade que les gens m'aiment pas, ça me permet de les traiter comme je veux et ça m'arrange. J'ai l'impression de faire un plongeon interminable depuis que j'ai sauté du haut de mon égo.
Mais tant pis, je continue, tête haute et je-m'en-foutisme accru dans ma poche, j'attends le son des cloches.