You drive too fast, can you please shut up ?

Paris, c'est un peu ma ville moitié. C'est la capitale attirante & repoussante, tellement belle mais tellement sale, tellement et tout et en même temps pas si exceptionnelle que ça. La ville que tu chéris, où tu es heureux de débarquer, mais bien soulagé d'en partir. Ville lumière et sombre.

C'est mon alter-ego urbain. J'aime Paris, parce que malgré le flot incessant de gens qui étouffe, c'est une ville où tout le monde est atrocement seul, où chacun ne regarde que sa vitre de métro, son côté d'escalator, ses pieds Tous comprimés humainements mais si distants spirituellement.

A travers les yeux des passagers du métro, je sens que mon malaise n'est pas le seul, que je ne suis pas isolée dns mon désespoir. C'est la ville où, pour Noël, il faut se contenter de neige pourrie et de décos kitschs. Ville façade des malheurs des citoyens, ville hommage à tous les déprimés de la vie, qui prône la mélancolie en mode de vie. Pigalle. Quartier Latin. Buttes Chaumont. Le 13e. Ect. Tant d'endroits remplis de la lassitude et de la fatigue des gens, tant de lieux marqués par le blues artistique, tant d'histoires finies de manière impromptue, parce que tout va trop vite, tout est invariablement élancé vers la perte non voulue mais immanquable des espoirs, des rêves, des valeurs. Paris ville voleuse, ville peureuse, Paris vide de sens.

J'aime me fondre dans sa masse et faire partie de ses murs. Je me sens chez moi entre les kfc, les clodos et les bouches de métro. Paris ville escalier, ville grise, qui pleure, au moins aussi souvent que mon coeur.

Paris, ville acolyte de mon mal-être latent. Paris libératrice & libérée, Paris des démons enfouis qui n'attendent qu'un délic pour sortir. Paris ville où mes angoisses ont enfin un nom, un but, où elles sont acceptés par le commun des parisiens, car tous, au regard qui ne croise jamais le tien, aux mains qui tremblent, aux yeux qui mouillent, te crient la même chose que toi. Paris, c'est la ville écho des abattus de la vie, qui leur rend hommage par son ton toujours gris, pluvieux, ses nuages lourds t'enveloppent, Paris te prend dans ses bras de béton, et te dit tout doucement, à l'oreille, dans tes yeux, dans ton coeur, qu'il faut que tu te rassures, car elle te comprend, elle sait ce que tu traverses, & elle en a vu des âmes esseulées cherchant un sens à leur vie, elle a vu pire que toi, et elle est pire que toi.

Paris te donne son amour cassé, rempli de pollution, de rats. Et tu acceptes son amour, parce que lovée dans tes pensées constamment tristes, tu reconnais qu'elle est la seule à pouvoir, finalement, te comprendre. Paris ville amoureuse des anges déchus.

And as we pass by each other, our heads are full of bother