I like the people standing in the streets, because they are dumb faced, dumb faced just like me

Je suis la feuille de papier toilette la plus rugueuse qu'il n'ait jamais existé.

A l'heure où à peu près toute l'humanité baigne dans ses relents de champagne et son vomi latent, se souhaitant tout le bonheur du monde pour l'année à venir en essayant de prendre des millions de résolutions (que personne ne tient, évidemment, jamais, les bonnes résolutions c'est surtout pour essayer de paraître mieux devant les autres, ne nous voilons pas la face), je suis, personnellement, coincée dans une situation dont je rêverais m'extraire (mais je peux pas, je suis la seule qui déteste assez le nouvel an pour ne pas respecter la grasse matinée du premier janvier).

J'aimerais m'extraire de moi-même. Je ne veux plus être moi et toutes mes looses, je ne veux pas devenir quelqu'un. Je n'aime pas les gens. Mais pas d'un point de vue misantrope, juste d'un point de vue humain. J'ai l'impression de vivre dans un continuum d'émotions que personne ne partage, que personne ne comprend, un peu comme si je parlais zoulou à un finlandais, en espérant quelque part une compréhension commune. J'aime pas les gens parce que je ne veux compter pour personne. Je veux pas être importante. L'idée d'être quelqu'un m'atterre. Sûrement parce que j'ai aucune confiance en quoi que ce soit venant de moi même. Alors rien n'est crédible, et l'idée que ça le soit m'angoisse. C'est plus simple de se dire qu'on ne vaut rien parce qu'on est jamais déçu. C'est dur de croire en quelque chose - surtout en soi même, parce qu'on doit toujours se battre et expliquer. J'ai l'impression que si je crois en moi, ça veut obligatoirement dire que je dois être capable de légitimer mon existence.

Mais rien ne la légitime. J'ai été posée là, quelque part, on ne me souhaitait pas grand chose, alors je suis devenue une pas grand chose. J'ai marché, j'ai évolué, j'ai fait des trucs, j'ai choisi, j'ai souffert, j'ai été heureuse, mais finalement c'est aussi l'histoire d'un millier d'autres êtres humains, je vois pas pourquoi je devrais crier "Moi ! Moi ! Regardez moi !", parce que je me sens protégée dans la masse, je suis aussi inutile que tous les autres et personne ne m'en voudra.

Je ne veux pas me réaliser - trop peur de me décevoir, moi, mon égo, les autres.