Hate to say I told you so

"Je te l'avais bien dit" est la phrase que j'adore (blague) me répéter à moi-même. Dieu m'a offert un plutôt bon cerveau, soit, qui fonctionne à toute allure et qui génère autant de scénarios probables que David Guetta génère des tubes de merde (c'est à dire, plutôt beaucoup). Variante : Autant de scénarios probables que JPP prononce le mot "musulman" ou "mariage gay" à son 20h. (attention, dieu ne m'a pas pourvu d'un bon sens de l'humour par contre).

Dieu m'a aussi donné des 12/10e de vision, ce qui me place au rang Aigle plutôt que pigeonne. Par ma minutie de détails, je collecte, collecte les indices. Et mon cerveau assemble les scénarios et les indices tel Sherlock, il assemble le puzzle du futur, et il me trouve la suite des évènements que je vais vivre. Je devine plein de trucs cons ("ha mon shampooing est ouvert, ma soeur me l'a piqué"), des trucs moins cons ("ha, un refus d'alcool et un léger ventre, elle est sûrement enceinte"), et puis, parfois, j'arrive à esquisser le ressenti des gens. Je sens quand on s'éloigne, je sens quand il se passe un truc positif, je sais généralement quand on me ment.

Ce qui m'amène au point suivant : j'ai pas tout le temps raison (sinon je deviendrais médium et je m'exilerais en Islande, sous un manteau de phoque, parlant l'inuit et suçotant des harengs glacés le tout dans un geyser aromatisé au soufre, la bonne vieille odeur d'enfer - ma nouvelle lubie après le bar à chats), mais ce qui m'énerve, c'est que j'ai suffisamment raison pour que mon hémisphère gauche dise à mon hémisphère droit (ou vice versa) "je te l'avais dit". Alors j'arrive pas à croire aux belles situations et je suis terriblement terre à terre. Je suis plus cul-de-jatte que montgolfier, en gros.

Je suis le type de personne qui en a rien à foutre de voir le verre à moitié vide ou à moitié plein, parce qu'en fait, moi je le vois juste plein de pisse. Alors plein ou pas, telle n'est pas la question, et j'aimerais que les pseudo-philosophes en herbe arrêtent de se prendre pour Sénèque lorsqu'ils tentent de m'expliquer la "bonne" vision de la vie. Celle où nous sommes tous des teletubbies vivant dans une colline dominée par un Roi Soleil Bébé Parlant, et où le petit dej' rentre directement dans ta bouche au réveil (si jamais un jour je deviens riche, je payerais quelqu'un pour faire ça). Je sais pas, moi ma vie ressemble plus à GTA.

Ce qui m'énerve le plus dans toussa (j'ai décidé d'en faire qu'un seul mot, c'est bien plus pratique), c'est les gens qui se croient ninjas des sentiments, qui pensent pouvoir me faire croire une autre issue, pour pas me vexer. Le genre de gens qui n'osent pas te faire du mal, alors ils te ménagent, ils te disent des versions édulcorées de la vérité. Des euphémismes qui sont tellement gros que parfois, ça me fait mourir de rire. C'est comme si on me disait "mais non, t'es de taille normale", alors que je fais partie du très sélect 1% de la population adulte (adulte sur le papier, pas dans ce qui me sert de cervelet) qui chausse du 35.

Ainsi une énième fois, j'ai pu entendre une version modifiée de "c'est pas toi, c'est moi", la bible du 21e siècle, la phrase culte qui, à défaut d'originalité, t'extrait de situations pas marrantes sans qu'on t'en veuille trop. Traduction Tahra-esque : "j'ai pas vraiment de couilles pour te dire pourquoi, alors je vais faire semblant d'en avoir en me faisant passer pour la cause du problème, oké ?". 

Alors que le problème sous-jacent existe, et même pire, on est potos et je connais son existence, car c'est pas cinq misérables mots qui peuvent résumer une situation (sauf si la phrase est "je / suis / dans / mon / lit" ou "au / feu / ma / maison / brûle", mais bref vous avez compris mon point). Et cette énième fois j'ai juste esquissé un petit sourire machiavélique à la The Mask (je suis en plein revival de mes années adolescentes en ce moment, ne pas s'étonner donc si des références telles que Sniper, Saian Supa Crew, Malcolm ou MSN messenger viennent se glisser dans ce blog ces jours ci), j'ai pensé à cette pauvre raison sous-jacente qui ne pourra jamais briller sous les feux de la vérité et qui vivra le reste de sa vie comme les victimes de Dutroux (dans une cave, pour ceux qui comprennent pas mon humour pas drôle), et je me maudis parce que mon cerveau a été assez malin pour la trouver. Ma vie est super feune, appelez moi les frères Wachowski, je veux mon prochain rôle de télé-kinésiste dans Matrix.