A Taste Of Struggle

Dans un moment de pure nostalgie égoïste, j'ai relu les débuts quelque peu hésitants de ce blog, à l'époque où j'étais encore toute jeune, où j'aimais encore Tryo, et où je ne jurais que par les converses. Je me suis auto-choquée (quand je vous dit que je n'ai pas besoin d'amis), tellement qu'avant j'écrivais de la merde, tout ce qui me passait par la tête, de la blague pourrie à la réflexion philosophique de Gandhi. Et pourtant je préfère cent fois lire des articles aussi légers, plutôt que de lire les pseudo essais dépressifs que je sors fréquemment ici. J'avais un putain d'humour. Il m'arrivait des trucs de fous. J'avais la verve de l'adolescence, je m'en foutais, j'étais pas en train de tenter d'écrire des vrais trucs - juste j'écrivais, ça sortait, j'oubliais et je passais à l'article d'après. J'étais impertinente, vive, et mes pensées tourbillonnaient encore plus qu'elles ne le font maintenant. J'avais la rage et je voulais cracher sur tout, juste pour me défouler. A côté de mon moi de 16 ans, j'ai l'impression d'être un mollusque rampant difficilement dans les eaux du pacifique.

Je crois que j'ai grandi, du coup. J'ai passé le cap de la majorité, j'ai commencé à avoir un avenir dont je dois m'occuper, j'ai des vraies responsabilités, et ça me fait chier, parce que ça m'éteint. J'ai envie de rester immature, de continuer à être à moitié une peste, à moitié un chamallow. J'ai envie de me retrouver et de me faire un self high-five, je me surnommerai tahrace, je me ferais une propre accolade et je me raconterai des blagues pas drôles. Et quand on me dira "cap ou pas cap ?", je soulèverai mon sourcil du diable à la Jack Nicholson, et je répondrais "cap". J'ai envie de courir toute nue sur la plage. Boire du piment. Me faire des tattoos malabar. Faire la manche pour m'acheter une playstation. Répondre avec culot à tous ceux qui m'emmerdent.

Le truc, c'est que la vie continue à me boxer (mais attends que je travaille mes uppercuts de la mort), qu'il faut bien que j'exprime le côté sale, désespéré, machiavélique, pleurnicheur, nul et sombre de moi-même quelque part, parce que si je le refoule, il va grandir et me bouffer toute entière. Alors il faut que je trouve ce putain d'équilibre que j'atteins jamais. L'homéostasie inaccessible de mon propre système. Un point de voute qui fera tenir tous mes défauts & mes (subtiles) qualités. C'est comme si j'étais un rubicube que je n'arrivais pas à finir. Je suis toute dispersée dans un continuum de couleurs au lieu d'être harmonieuse, et j'arrive pas à me discipliner pour tendre vers cette harmonie. Un chat dans un string dentelle. Je suis le joker qui vient t'offrir du thé à 17h. Mère Térésa qui devient pote avec Kim Jon Un. Bref, vous m'avez comprise. Je peux être aussi douce qu'une jambe fraîchement rasée et nivéatisée, ou je peux rentrer dans des colères noires pour des trucs à la con comme Cartman. Et j'ai aucune notion d'effort pour réussir à trouver un compromis entre les deux.

Avant je pensais qu'on était deux en moi : mon moi conscient et mon cerveau inconscient qui me fait des plans aussi nazes que les vidéos qu'on peut voir à vidéo gag. Maintenant je me demande si je ne suis pas trois : Le bon, la Brute, et le Négociateur, qui s'arrache chaque cheveux parce qu'il n'arrive pas à trouver le juste milieu. Je suis ni noire, ni blanche, ni bonne, ni méchante, à vrai dire j'ai pas vraiment de personnalité, je suis grisâtre, incapable d'assumer une position de vie, je stagne. Morne. Je regarde l'ange et le démon se partager mon moi et je soupire, je soupire fort, parce que c'est deux gamins qui s'échinent à me déchirer en morceaux au lieu d'être un, d'être fort.

C'est Peace Love Unity contre Guerre Haine et Invidualisme.