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26 mai 2013

Because the sky is blue, it makes me cry (gros article dépressif en vue, collez vous du coton à vos paupières pour éviter...

... les dégâts lacrymaux collatéraux).

 

Le ciel est bleu, et pourtant, un peu plus et je lance l'appareil à chouinade. Chaque année à l'approche de mon anniversaire, c'est un come back nostalgique et douloureux dans les moments passés. Je fais le compte du bien, le compte du mal, ce qui me sert à rien vu que chaque année, les événements tristes prennent le pas sur mon bonheur.

Tristesse, tristesse : La médecine moderne m'a confirmée que je suis vouée à mon enfer personnel de réflexion inutile-destructrice-maladive. J'ai fait quatre enterrements et un mariage. Monsieur cancer s'incruste un peu plus (pas chez moi). Ma famille a frôlé la déchéance pécuniaire totale. Mon père est toujours un grand gamin qui s'imagine que tout lui est pardonné. J'ai eu un ex collant. J'ai découvert qu'une potesse ne voulait plus être ma potesse quand j'allais pas bien (c'est à dire, chez moi, à peu près tout le temps). Une de mes meilleures amies m'a abandonnée lâchement – ce que je considère comme de la trahison. J'ai fait du mal à des gentils garçons qui voulaient juste me courtiser (ma technique de « je disparaîs et je ne donne plus de nouvelles » est à parfaire), genre vraiment mal. J'ai un nouveau kyste qui a fait son apparition. Je suis toujours à montpellier. J'ai plus internet. J'ai plus d'eau chaude.

 

Bonheur, bonheur : j'ai découvert Rome, la Suède, la Norvège, et Berlin durant cette année. J'ai fait un gros gros voyage en stop. J'ai réussi à me choper un appart (cafard et moisissures en sus mais bon). J'ai réussi, après deux ans de déboires, à trouver un taff (un travail de 8h/semaine mais bon, c'est déjà ça). Et voilà. Des petites victoires. Je me suis tatouée. J'ai découvert un type extra que je garderai en VIP de mon cœur toute ma vie. Je me sens globalement mieux maintenant que je sais que c'est pas ma faute si je suis une grosse conne -c'est la faute à la maladie de mon cerveau. C'est bien de pouvoir se délester de ses responsabilités sur une spécificité organique.

 

A l'approche de mon anniversaire, je me sens toujours fragile. C'est là où je suis le plus tremblotante dans ma vie, c'est l'examen de passage pour moi : as tu assez bien vécu pour passer au niveau suivant ? Est ce que tu mérites le ACHIEVEMENT UNLOCKED ?

Un genre de système de récompense : si t'as chopé un maximum de bons points l'année précédente, tu peux passer au monde d'après. C'est pour ça que je me défonce chaque année, pour vivre des choses nouvelles (même si j'y arrive pas, enfin pas autant que je le voudrais). Je veux rendre ma vie de plus en plus intéressante chaque année. Sinon je veux pas vivre. Ca m'intéresse pas de stagner. Stagner c'est la mort.

A l'approche de mon anniversaire, je me remets en question grandement. Je me déteste. Je me connais trop bien pour pouvoir n'apprécier que mes qualités.

A mon anniversaire, je me sens pas bien. Je me sens triste. Je me sens fade, vide, éviscérée, parce qu'en fait, je n'aime pas mon anniversaire. Je n'aime pas qu'on me le souhaite, je n'aime pas qu'on me le rappelle, j'ai envie de disparaître de la terre à chaque anniversaire. Ca me met terriblement mal à l'aise. Mon anniversaire me jette à la gueule toutes les imperfections de ma vie. Toutes ses irrégularités. Je suis née dans un climat hostile, on ne voulait pas de ma venue, et quelque part, je crois que ça s'est profondément ancré en moi. De la bouche de mon père ou de ma mère, j'ai entendu plusieurs fois des regrets. Ma mère voulait pas d'enfants. Mon père pensait qu'il en voulait. Et le résultat, c'est moi. J'aime pas ma naissance car je la considère comme une erreur. Soit ça aurait dû mieux se passer, soit ne pas se passer du tout. Je crois sincèrement que j'aurais préféré ne pas vivre (allez y, traitez moi de darkogothopouff, mais alors sachez que j'étais déjà darkogothopouff à huit ans). Vraiment.

Quand j'étais ado (jusqu'à l'année dernière, en fait), je m'écrivais des mots d'anniversaire à moi-même, d'années en années. Pour me féliciter d'avoir tenu aussi longtemps dans ma vie. Et chaque année, je m'étonnai effectivement d'avoir survécu, et je savais pas si je devais me féliciter d'être toujours là, ou me détester pour ne pas avoir eu le courage de me tuer plus tôt. Et invariablement, chaque année, on me reproche de ne pas être joyeuse pour mon anniversaire. De ne pas être enthousiaste. De faire la gueule, en somme.

Et chaque année, ça me fait mal, parce que j'arrive déjà à oublier tout ça tous les autres jours de l'année, et personne ne remarque cet effort là. Tout le monde s'en fout de toute l'énergie que j'insuffle dans ma vie pour échapper à toutes ces pensées. A l'inverse, on m'engueule parce que je n'en fais pas plus. Je me dis que quand même, j'ai le droit d'être faible de temps en temps, surtout en ce jour.

Mon anniversaire est dans un mois, et j'angoisse déjà. J'aimerais pouvoir sauter ce jour, comme on saute un chapitre chiant dans un dvd.

Mais, maintenant j'en ai fini avec une partie de tout ça : cette année, je fête mon premier anniversaire de vie sans tentative de suicide. C'est la première année où je n'y pense pas. J'ai réussi à me défaire de cette pensée. Je me sens pas mieux, je me sens juste un peu plus normale (mais rien que ça, ça me fait un bien fou). Je connais maintenant la tristesse, alors qu'avant, j'étais juste une désespérée. Alors je me repose. Les gens me reprochent d'être triste, moi je suis plutôt contente, ça veut dire que je vis à nouveau comme une personne normale, et la tristesse, c'est doux, ça te fait réfléchir, ça te fait avancer, pas comme le désespoir qui t'ordonne de tout foutre en l'air. Donc, en guise de message d'anniversaire de moi-même (vu que je m'en suis pas fait cette année), je me souhaite un bon anniversaire, à moi qui, contre toute attente, ai toujours envie de grandir. Je me souhaite d'évoluer encore, d'être encore plus forte, d'être remplie de moins de doutes, je me souhaite de me laisser respirer (je suis mon propre bourreau et je le sais), je me souhaite de ne cesser de m'améliorer, comme une spirale, qui grandit, grandit, toujours vers le meilleur. Je me souhaite de pouvoir être, un jour, enfin satisfaite de moi-même. Je me souhaite de vivre simplement, pas de me prendre la tête. Et je suis terriblement contente d'arriver à me souhaiter tout ça.

 

6850056_460s

l'homme debout, face au vent

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Commentaires
S
bon courage pour les prochains anniversaires
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E
L'ex collant vs le VIP de ton cœur. La preuve que j'ai tout planté, et qu'un autre a su brillamment prendre la place que j'avais souhaité occuper. Quand j'en viens à penser à toi, cela me fait l'effet d'un miroir qui s'impose à moi, ne reflétant que le pire de ma personne. Tu es la synthèse de ma culpabilité et de la haine envers moi-même. Désolé.
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W
Jedi Mind tricks : Before the great collapse. <br /> <br /> A chaque fois que ces idées me traversent la tête, je l'écoute, car elle est bien plus efficace que la superficielle Adam's song. L'unique chose qui m'aura choqué dans cet article, c'est que j'aurais pu l'écrire. Je m'incline, cette personne a raison : c'est fou ce que nous pouvons nous ressembler. Keep holdin' on.
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