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19 janvier 2014

You're not good enough

Un autre de mes mécanismes mentaux (excepté celui de répéter "feuille ciseaux" après chaque prononciation du prénom "Pierre") automatique, qui me caractérise plutôt bien, et qui me plombe vraiment la vie tout comme faire une blague sur les handicapés plombe le téléthon, est celui de mon auto-dévalorisation permanente.

Ce mécanisme est simple et consiste en deux phases synergiques (j'aime le mot synergie, il fait classe à placer) et inter-dépendantes :

Phase 1 : Je me trouve nulle sur tout (ce qui est peut-être explicable par le paradigme 1a)

Phase 2 : Même si je fais quelque chose de bien, et même si tout le monde m'affirme que c'est cool, je n'en tirerais aucune fierté, rien, parce que j'estime que c'est nul quand même.

Ce qui fait que dans ma vie de tous les jours, je suis rarement, très rarement, fière de moi-même. Et pas de fierté fait que j'ai beaucoup de mal à faire des efforts, du coup, pour faire des trucs mieux. Je me dis que de toute façon, je suis nulle et je n'y arriverai pas, et si par hasard, j'y arrive, je me dis ue j'ai eu de la chance. J'ai eu une excellente note ? Bof, le prof m'a surnoté. J'arrive enfin à jouer aerodynamic de Daft Punk à la guitare ? Bah, c'est que c'était pas si dur que ça. Si j'avais découvert le boson de Higgs, j'aurais sûrement ponctué ma recherche par un "et puis bon, tout le monde aurait pu le faire au final". Voilà. Si jamais je réussis quelque chose, j'ai l'impression d'être une imposteure. Que c'est pas moi. Chouette.

Je suis ultra-sensible au stress et aux autres. Toute seule chez moi, je fais des merveilles, je danse tel Mya Frye, je chante plutôt pas trop mal, sur ma guitare je joue comme si j'étais Van Halen, mais dès qu'on m'observe, dès que je sais que quelqu'un d'autre que moi jugera mon travail ou ce que je fais/dis, ben plouf, ma performance descend au trente-sixième dessous de ce que je pourrais faire.

J'ai beaucoup de compétences, mais malheureusement, la performance n'est pratiquement jamais au rendez-vous. La phase une est, du coup, vraiment chiante à vivre, parce qu'il suffit que je fasse un truc de travers, et je m'en veux pour six mois. Bon, six mois, j'exagère, mais je peux m'en vouloir des mois sur un truc à la con. Je m'en veux encore de choses que j'ai fait l'année dernière. Parfois, un vieux souvenir d'une action que j'ai mal faite remonte à la surface, et ça me donne envie de pleurer, ou de me taper la tête contre les murs tellement que j'ai honte de moi-même.

Alors rassurez vous, maintenant, j'arrive à gérer ce côté Tatie Danielle envers moi-même, je l'écoute plus vraiment, enfin disons que je ne lui donne plus trop d'importance, mais il est toujours présent. Il y a toujours ce réflexe de "putain, mais qu'est ce que tu es CONNE", avec le mot CONNE en lettres majuscules, grasses, soulignées, néon fluo. Souvent, quand je fais une connerie envers quelqu'un, je m'en veux environ trois fois plus que ce que la personne m'en veut. Et malgré les "non mais t'inquiètes, c'est passé", je continue à tourner cette pensée en rond dans ma tête. Je me punis toute seule, beaucoup.

 

Le paradigme 1a réside dans le fait que de toute façon, je suis très, très, trop, maladroite ou illogique. Je suis tellement pas connectée à la vie de tous les jours, je suis tellement pas adroite et je vis tellement dans ma tête que ça donne très souvent des situations ridicules. La dernière en date (la plus ridicule), c'était devant mon responsable de mémoire : croyant avoir oublié mon baudrier dans sa salle, je suis remontée à toute vitesse (déjà il faut visualiser la scène d'avant, celle où je parle à mes potos et où je me rends soudainement compte qu'il me manque quelque chose : "et puis je pense que si on effectue la liste avant mardi ça pourrait être OH PUTAIN J'AI PERDU MON BAUDRIER JE REVIENS"), j'ai toqué, tenté d'ouvrir la porte par trois fois, n'y suis pas arrivée, le prof continuant à me dire "mais entrez, c'est ouvert", jusqu'à ce qu'il comprenne que je n'y arriverais pas. Il se pointe donc devant la porte, et l'ouvre sans difficultés. Le piège ? Je tirais la porte, il fallait la pousser. 

La suite ? J'ai cherché mon baudrier comme une flèche partout, pour me souvenir que je l'avais laissé à la cafétaria en bas.

Un autre exemple ? La fois où, à mon boulot, je cherchais désespérément des maniques pour enfourner des pizzas au four. Les pizzas sortaient du frigo. J'ai oublié mon portable dans le métro londonien. Ca m'est arrivé de ne pas retirer mes sous au distributeur (je mets ma carte, je choisis, je range ma carte et je m'en vais). De remplir un verre d'eau jusqu'à le faire déborder, juste parce que j'ai pas tilté que l'eau allait déborder (j'avais pourtant les yeux rivés sur ce même verre). Je renverse toujours tout, mes amis me détestent pour ma maladresse. Une fois je répétais trop fière "Hey regarde, cette soirée j'ai renversé aucun verre !" et lors de la syllabe finale, j'ai renversé mon verre. J'ai pris la parole en public avec un micro, et en repartant, je me suis étranglée avec ce même fil de micro. Je suis désespérante. Je me désespère. 

Il me faudrait un cours de vie one-o-one pour survivre. Pour m'apprendre les bases de la vie réelle. Je suis aussi maladroite qu'un playmobil essayant de faire de la haute couture (et j'ai souvent l'impression que mes mains sont les mêmes : juste des demi-cercles incapables de saisir correctement quoi que ce soit).

 

Alors c'est pas si grave, j'arrive à vivre comme ça (malgré mes multiples bleus et brûlures). Mais parfois, c'est dur de se regarder dans le miroir et de se rendre compte qu'on ne vaut rien, dans un monde qui nous demande d'être performant à tous moments et partout. Moi je vis très bien à ma manière, c'est surtout les autres que ça exaspère. Et vu que ça me stresse de ne pas arriver à faire des choses basiques, je foire tout, tout le temps. 

 

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l'histoire de ma vie

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