Squirrelly Wrath

Je suis rarement en colère. Et quand je le suis, je ne le suis jamais à 100%. Enfin, pas devant les gens. Je sais que la colère est quelque chose de mauvais, j'en ai fait les frais et je refuse de m'engager dans cette voie là. Je sais que la colère est pas bonne, qu'elle est juste le résultat de frustrations répétées, qu'elle ne mène à rien, que ça sert juste à augmenter la tension artérielle pour me faire mourir plus tôt (et je refuse de laisser ce privilège aux gens qui m'énervent), ou alors, si jamais on a été bombardé de rayons gamma, ça peut effectivement être utile.
Dans mon cas, la colère est plutôt useless, parce que déjà, je m'appelle pas Hulk, et de deux, je suis un peu ridicule, avec mon mètre cinquante, mes deux petits yeux marrons caramel et ma voix fluette (enfin, fluette quand je veux, si jamais je dois crier sachez bien que je crie plus fort que jamais). Alors j'évite. J'évite ça comme la graisse à traire chez les rousses. Vraiment. Je suis plutôt quelqu'un de sympa, et je n'aime pas m'énerver. Je pardonne à ce moustique qui ne fait qu'aller en mission pour nourrir sa famille. Je pardonne à ce type qui siffle depuis un quart d'heure sous ma fenêtre. Je pardonne à cet employé administratif qui ne sait taper qu'avec ses deux index. Je pardonne à tous les télé crochets de massacrer tous nos plus beaux classiques musicaux depuis l'invention de Star Academy. 

Et il y a des putains de moments, sans savoir pourquoi, tout ressort. Dans mon cas, encore, c'est comme ça, au milieu de la nuit, sans aucune raison, mon cerveau se met à vagabonder dans les limbes du monde et de ses bassesses, et ça m'emmerde. Parce que je pense vite, et parce que je ressens fort. Une pensée en entraînant une autre, si jamais je suis sur le réseau neuronal de "toutes les choses que j'ai refoulé en moi ces derniers temps", vous pensez bien que ça peut dégénérer vite. Je commence par me dire qu'il faut que je me calme, qu'il faut que je médite. Mais, chose made in Tahra, quand je "médite", la pensée peut faire irruption dans mon océan de calme sans prévenir, un peu comme Valérie Damidot avec sa grosse voix insupportable de beaufette (je ne sais pas s'il y a un féminin pour beauf ?), et qui vient te citer tout ce qui va pas dans ta maison tremblotante. Voilà, mes pensées de colère, c'est Valérie Damidot. Démonstration.

C'est ici ? C'est bien ici ? Hihihi et si on les réveillait avec un mégaphone, hein ? HEY LES PETITS LA DEDANS, ALLEZ DEBOUT !!! DEVINEZ QUI EST LA ! VOTRE ANIMATRICE TELE PREFEREE !!! *regard caméra* Héhé, ils savent pas à quoi ils vont s'attendre hein ! Parce que moi et mon équipe, on est pas des lèves tard, non non, on vient les réveiller à l'aube pour les envoyer dans un lieu totalement inconnu pendant une semaine, le temps de changer tous leurs repères ! 

Ha, ça y est, vous êtes levés ? BonjouuOouOOUuOUUUr Eddie ! Eddi pas bonjour à la caméra surtout, HAHAHAHA ! Et vous; c'est quoi votre petit nom ? Léa ? Oh, j'avais dit petit nom, mais vous savez, vous auriez pu faire plus long HAHAHAHA. Et toi ma pitchoune, oh elle est jolie la pitchoune, elle joue avec les jouets de son frère ? C'est pas un peu un garçon manqué ? Avec un peu de chance en grandissant elle deviendra comme moi HAHAHA.

Tu aimes quoi dans la vie pitchoune ? La danse classique ? C'est bien noté ! Et vous les parents ? La nature ? Parfait ! Allez maintenant cassez vous, laissez faire les pros !

Et boum, avant que tu aies pu dire ouf, Valérie Damidot refait ton appart en rose bonbon et tout en bois, une petite rivière passant au milieu du salon, les murs ornés de décorations tutu et chaussons de danse, avec une gazinière option camping et feu de camp dans la cuisine. Bah voilà, c'est un peu ma colère. La plupart du temps, dans mon état normal, je résiste à Valérie Damidot. Je lui dis non. Je refuse. Non, Valérie, va repeindre une autre maison, mais pas la mienne, merci.

Et parfois, comme c'est le cas actuellement, il suffit que je lui laisse passer le seuil de ma porte d'un orteil pour qu'elle me refasse tout mon intérieur à partir de trois mots que j'ai bredouillé au hasard sous le coup du stress. C'est plutôt chiant. C'est plutôt lourd. Comme Valérie.

Donc, il y a des moments comme ça, où j'aimerais crier, courir loin et m'exploser les poumons, dire à tout le monde, mais vraiment à tout le monde à quel point je suis en colère. J'ai envie de déplacer des montagnes, j'ai envie de grimper des grattes-ciels à l'aide seulement de patafix, je veux manger une barbapapa entièrement faite de sel, je voudrais descendre au fin fond de l'océan et checker un peu ces bêtes cheloues que personne ne connaît, je voudrais me déplacer uniquement en salto arrière, descendre l'Everest à vélo, faire de la moto, et puis crier encore parce que ça fait du bien, jouer de la guitare électrique dans une maison de retraite (soyons honnêtes, ça leur ferait une bonne distraction et puis les trois quarts d'entre eux sont sourds), mordre quelqu'un jusqu'au sang, griffer un mur ductile de toutes mes forces, faire un saut en parachute les yeux fermés (en criant, si possible, encore). Bref. Alors, en ersatz, je me retrouve bêtement à prendre mes coussins, à les serrer très fort, à me tourner, me retourner dans mon lit, puis me retourner, encore, et serrer plus fort le coussin. Mes jambes sont prises de spasmes alors je "m'amuse" à faire du sport dans mon lit dans l'espoir que ça me calme. Et non, rien ne passe. Et je suis en colère contre moi même, parce que je n'aime pas être dans cet état là, et je sais, mieux que quiconque, qu'en plus, ça ne dépend que de moi de me calmer. 

Alors j'écris, en espérant que mettre les choses au clair, sur papier, m'évite de me battre contre des pensées invisibles. Et ça va mieux, parce que je pense que je parle. J'en parle à mon blog, et ça me fait respirer un peu. Et je vais me recoucher, en espérant que ça passe. Et je vais sûrement faire des rêves chelous qui vont parler de toutes les raisons de ma colère. J'espère régler ces problèmes avec Morphée. 

Squirrely Wrath - Foamy The Squirrel