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26 août 2014

She smiles, so bright, but she will never feel alright, in this loneliness fight

Je ne sais quoi penser.

Je ne sais jamais quoi penser, de toute façon, mais là je veux dire plus que d'habitude. Je m'expatrie dans peu de temps au pays du moulin hyperactif, et je suis en train de vivre, actuellement, ma dernière semaine montpelliéraine. Je suis mi figue-mimolette (hohoho) quant à tout ce que je vais quitter, et tout ce que je vais vivre. Enfin, je sais que j'ai énormément de raisons qui me poussent à partir, (et surtout, J'AI RAISON de partir), mais, maintenant que je sais vers quoi je me dirige, certaines choses ont un goût particulier.

En premier lieu, sous les projecteurs, je cite mes relations humaines. Tout est tellement plus bizarre depuis que je sais que je m'en vais. Je suis empreinte (est-ce un mot juste ?) d'un nihilisme presque à toute épreuve concernant les gens que je vais quitter. Excepté ma mifa (qui a toujours compté plus que la pupille de mes yeux) et mes actuels colocataires (nous sommes la colocation la plus cool de l'univers, n'en déplaise à certains), je suis plutôt contente de laisser les gens que je connais ici (enfin j'aime les gens quand même, mais les gens c'est un peu comme les surprises des Kinder, peu en valent la peine). Je suis déjà loin, à Groningue (quel nom de merde, soyons honnêtes), dans ma tête, et je me vois déjà connaître plein de nouveau monde, faire des blagues en anglais, faire des blagues en néerlandais; taper dans le dos de blondinet(te)s, boire de la bière, rigoler en mangeant du hareng, faire des blagues sur les bicyclettes, etc etc. Ce n'est pas que je n'aime pas les gens que je connais, c'est juste qu'ils me sont prévisibles. trop prévisibles.

Disons que vu que mes skills en sociabilité se situent dans une zone numéraire proche du Q.I d'une limace (quoi que, les pieuvres ressemblent à des limaces et sont en fait de total badasses, peut être qu'il faudra reconsidérer les limaces dans un futur proche), j'ai tendance à répéter toujours les mêmes numéros sociaux, comme un petit singe, au cirque, qui a appris comment faire rire son public. Voilà, je suis un peu un numéro répété, ceci est ma confession. Je raconte les mêmes histoires, je m'adapte selon les personnes, je suis un vrai caméléon des liens sociaux. Je m'en sors bien, mais ça manque un peu de spontanéité; comme si Donnatella Versace trop botoxée tentait de sourire.

En deuxième lieu, mes habitudes. Je peux vraiment avoir des journées folles où les évènements se bousculent comme des somaliens à un buffet offert, mais au final, je suis une habituée des routines. Je me connais, je connais les autres, et rien ne me surprend vraiment (sauf le nouvel épisode de Dr Who, mais là, nous touchons à quelque chose de céleste). Je sais que j'irais sur 9gag inlassablement avant me coucher. Je sais que je continuerai à répéter "Feuille Ciseaux" après chaque énonciation de "Pierre". Je sais que si je peux choisir mon petit dej', à moins d'avoir des dinosaurus, il se composera inlassablement de thé avec des tartines beurrées. Qu'on pourra dire ce que l'on veut, mais que je continuerais de m'émouvoir telle l'adolescente émo en écoutant Paper Boats.  Il y a des choses qui changent, énormément de choses qui changent dans ma vie, mais, si je suis vraiment honnête avec moi même, je reconnais rester dans les mêmes schémas.  Et je crois que je n'en ai plus envie. J'ai énormément changé l'année passée, j'ai enfin réussi à voir le bon côté des choses, à arrêter (du moins, beaucoup moins qu'avant) de me plaindre de la vie, je suis heureuse (et dieu sait que c'est compliqué pour moi, d'être heureuse), mais, au fond, je reste la même, car rien ne me challenge vraiment. Et j'ai peur que rien ne me challengerait vraiment, excepté une catastrophe naturelle, une situation de survival digne de The Last Of Us, ou un max de drogues hallucinogènes (cette dernière option ne m'enchantant pas vraiment). Du coup, j'ai légèrement l'impression d'être une feignasse de cerveau : je sais que certaines situations m'obligeront à changer, à modifier mon point de vue, mais, étrangement, ces situations se tiennent loin de moi. Peut être parce que je les tiens loin de moi. 

En dernier lieu, ma familiarité. Je ne suis pas quelqu'un qui est souvent à l'aise, parfois j'ai l'impression d'avoir le cul entre vingt chaises. Mais, parfois, je me lâche complètement et je me sens bien, comme un bébé ne se retenant pas dans sa pampers, heureux d'avoir pu lâcher tout ce qu'il avait à lâcher (les pros de Freud me qualifieront de bloquée au stade anal. A(nal)ez y. ANALysez moi.), enfin bref, parfois, je me sens bien. Ca peut être en me promenant dans une rue que j'aime bien, ça peut être en écoutant une chanson que je connais jusque sur le bout de mes doigts de pieds (des doigts de mon pied, en l'occurence, je suis actuellement éclopée), ça peut être en étant avec potesse Maëlle ou Nadia. Ce sentiment de sécurité, poussé à l'extrême, où rien ne nous trouble. Je me sens bien dedans, j'y barbote, j'y fais quatre cent longueurs aller-retour sans sentir la fatigue, je fais les blagues les moins drôles du monde (mais elles me font rire quand même), je souris sans raison, j'ai envie de sautiller. 

 

Et donc, de trois choses l'une : j'ai envie de bousculer un peu tout ça, mes routines, mes schémas, mes manières de me sociabiliser. Je sais même que j'en ai besoin (ce n'est pas pour rien que ma famille a été globe trotter, à déménager tous les deux-trois ans), j'ai vraiment soif de nouveauté, tout le temps, toujours (sûrement pour ça que je n'ai pas été capable de choisir une carrière parmi les trois cent quatre vingt deux possibilités dans ma tête). Pour revenir à mes relations humaines, il y a des gens avec qui je perds toute barrière, et avec qui cela se passe pour le mieux. Je n'ai pas à nous imaginer parler en boucle dans ma tête pour réussir la conversation : je parle, juste. Je n'ai pas à me cacher derrière un livre, ou derrière la musique, j'ai juste à exister, et je me sens bien, sans rien d'autre. Ce sont les gens qui me donnent envie de rester.

J'ai envie de laisser tous ces gens à qui je ne correspond pas. 

J'ai envie de laisser mes habitudes, et de remplacer mon toast beurré du matin par des saucisses et du gouda. 

Ce dont j'ai peur, au final, c'est de devoir chercher ce sentiment de familiarité partout autour du monde, et de me rendre compte qu'il n'existe pas. J'ai peur de rentrer plus épuisée que je ne suis partie de la comédie humaine. Que je ne me sentirais jamais mieux ailleurs, au fond, que c'est pas en faisant le tour du monde que je serais peaceful envers tout. J'ai peur d'entrer dans une course effrenée dont je n'arriverais jamais à la ligne d'arrivée; celle qui impliquera de tout changer, tout, pour retrouver ce sentiment de familiarité qui m'importe tant.
Et découvrir qu'il n'existe pas ailleurs. 

Qu'en fait, la vie, c'est juste ça : des moments de familiarité, de sérénité intenses, couplés à tout le reste de la vie qui n'en vaut pas trop la peine.

Pour rassurer les quelques quidams qui jetteraient un oeil ici-bas, ne vous inquiétez pas : je suis plus qu'heureuse de partir. J'ai juste peur - pas des peurs banales, comme le mal du pays, le manque de camembert et de croissants, et autres. Je crois que j'ai terriblement peur que ma vie soit similaire à celle-ci. Tout ça parce que je ne suis pas assez familière avec moi-même.

 

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La vie a autant de sens que ce gif.

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