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23 janvier 2015

Light Years Away

Quand j'étais gamine, je jouais (ou du moins le croyais-je) à cache-cache avec mes parents, je m'étais cachée dans une malle à chaussure, super fière de ma cachette. Et puis mes parents m'ont oubliée. Je crois que c'est à partir de ce moment que j'ai plus ou moins décidé de me débrouiller seule dans la vie : si on était même pas capable de venir me chercher dans un 40m², je vois pas pourquoi je devrais attendre des autres à ce qu'ils m'aident, ou m'aiment.

J'ai répété plusieurs fois que les gens me rejettent. Et puis bon, c'est vrai. Parce que les gens ont des petites cases dans leurs têtes, dans leurs coeurs, et qu'ils n'ont que des ressources limitées à accorder à chaque personne. On peut pas donner toute sa vie à ce type que tu viens de rencontrer hier, comme on ne peut ignorer subitement quelqu'un qu'on a gardé auprès de nous à des moments-clés (quoi que). Et puis, après, y'a moi. Je n'ai aucune limite de ressources. Je ne me pose aucune limite de ressources. Je peux tomber amoureuse en quelques secondes, mais je peux aussi t'oublier en deux. 

Donc, oui, souvent j'arrive en impromptu dans la vie des gens, et je les secoue, beaucoup, parce que déjà je bouge beaucoup, je ris beaucoup trop fort, j'aime trop sans raison, je pleure sans aucune retenue (ça, c'est nouveau, avant j'étais aussi desséchée que la peau de Houellebecq), je crois que je vis trop fort et que je suis trop en assynchronie avec le reste.

Le reste, c'est tout ce qui ne m'accepte pas. C'est ce gros cercle qui contient toute la vie que je n'ai jamais comprise (Instagram, Booba, les Cronut, Californication et Walking Dead, Jersey Shore, les salades Mc Donald's, la prosodie de Valéry Giscard d'Estaing, les Uggs, les manucures pointues dégueulasses, et tant d'autres). Vous savez, j'ai un esprit têtu, face à quelque chose que je ne comprends pas, je fends mon esprit en deux pour mieux comprendre, puis en quatre, huit, seize, je suis prête à tout (et vraiment tout) pour avoir une réponse à mes pourquoi. J'adore savoir. Savoir, c'est ma came. Je veux savoir, tout. Donc, j'ai passé du temps à marcher le long de ce cercle, pour mieux le comprendre, pour mieux comprendre le reste des humains, pour mieux comprendre #les#hashtags#sur#facebook. J'ai passé vingt deux ans de ma vie à arpenter cette frontière entre moi et le reste, pour mieux l'observer, la comprendre, et mieux la briser dans le futur.

En pleine adolescence, j'ai fui le cercle. J'ai pas arrêté de crier à tous ceux qui étaient à l'intérieur qu'ils étaient débiles de ne pas s'échapper - en dehors du cercle, t'es tellement libre, et il y a tellement d'inconnu.

Après, j'ai eu des périodes où seul le reste m'importait, où je préférais mourir plutôt que d'être à l'extérieur de ce cercle (et quand je dis mourir, je pèse mes mots). Être à l'écart était le pire châtiment que l'on pouvait m'infliger, j'en ai eu marre d'arpenter l'inconnu seule, parce que seuls mes yeux étaient témoins de toutes ces nouveautés magnifiques. Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde préférait rester à l'intérieur, c'était un peu fade, mais les gens à l'intérieur avaient quelque chose que je n'avais pas = l'acceptance dans un groupe. Ce sentiment d'appartenance, qui m'a manqué toute ma vie (je n'appartiens à rien, ni personne, j'ai même pas fait partie d'une équipe de sport quand j'étais gamine). L'appartenance c'est la sécurité. Moi, j'étais toute seule sans personne dans le grand dehors. J'avais pas peur, mais j'étais seule. 

Il y a eu une période, courte dans ma vie mais de félicité où j'étais le cercle. J'étais la frontière entre moi et le reste, j'avais mes fréquentations, c'était rodé, je ne rencontrais personne de nouveau, ma vie sociale était huilée, j'allais en cours voir mes potesses, j'avais mon copain et ses copains pour les samedi soirs, ma famille, j'étais équilibre. Mais je m'ennuyais. 

Et il y a maintenant. A vingt-deux ans, j'ai décidé d'aller explorer de nouvelles contrées, de nouveaux cercles, voir si les cercles sont toujours aussi fermés à l'étranger, si ils sont aussi grands et aussi importants, si ils sont aussi froids et méchants que ceux que j'ai rencontré. Et la réponse est non : les cercles sont tous plus ou moins différents. J'ai pu m'approcher très près de nouveaux cercles. Tous les cercles ne sont pas fermés.

Mais les cercles restent des cercles. Et je crois que j'ai enfin compris : je n'aime tout simplement pas les cercles. J'ai choisi délibérément d'hiberner cet hiver. J'ai choisi de rester seule, à lire dans des cafés, plutôt que d'aller "en soirée". J'ai passé mon nouvel an chez moi (mais avec Zizi d'amour), malade, mais c'était l'un des meilleurs jours de l'an de ma vie. J'ai fait la passive/agressive : plus l'on m'invitait, moins je répondais. J'étais le cercle, je faisais la ronde avec toutes les autres personnes, j'avais enfin atteint mon but. Et puis j'ai lâché les deux mains, parce que je suis comme ça. Je suis retournée dehors. Je suis retournée à l'extérieur. Ca s'est passé lentement, je crois que je n'en étais même pas consciente, mais je pense que j'étais fatiguée. J'étais fatiguée des autres. Je suis fatiguée des autres, parce que les autres m'attendent toujours. Ils attendent de moi que je vienne lorsqu'ils m'invitent, que je les écoute, ils attendent que je réponde à leurs sms, sur facebook, ils attendent de mes nouvelles. Ils attendent que je me comporte de telle façon dans telle situation, j'ai l'impression qu'une fois que tu fais partie du cercle, tu appartiens un peu aux autres. C'est quelque chose que je n'ai pas supporté.

J'ai adoré chaque personne que j'ai rencontré, chaque rire était magnifique, chaque émotion en valait la peine, je ne retire rien de tout ça. Mais je crois que les cercles se renouvellent très bien tous seuls, et qu'ils n'ont pas besoin de moi. Et les cercles ne bougent pas, sauf si chaque point qui le compose choisit de suivre le même mouvement. Moi je ne suis pas un cercle, et il est temps que j'apprenne que je ne le serais jamais. Je me sens en paix quand je suis avec moi-même, je pense à ma vitesse, je ne dois pas constamment penser à ralentir pour les autres, où à me censurer pour ne pas paraître trop bizarre. Cette année, je crois bien que je me suis trouvée. Cette année, c'est la première année où je préfère mon monde intérieur au cercle. C'est la première année où je suis à l'aise avec moi. 

C'est fou, je me suis pris tellement la tête, tout ça pour me rendre compte que depuis le début j'étais au bon endroit : à l'écart. Je chante toute seule dans la rue. Je fais plein de blagues bizarres. Si j'ai envie de parler à quelqu'un, j'y vais, et je repars. Je suis bizarre. Je suis une pile. Je veux pas t'écouter critiquer telle personne, je m'en fous. Je veux pas m'ennuyer, même si ça implique de commencer mille choses et de n'en terminer que trois. J'en ai ras le cul des conventions. J'en ai marre que tout le monde s'étonne que je n'ai toujours pas de carte étudiante (troisième année sans), que tout le monde m'envoie les mêmes musiques, j'en ai marre qu'on me dise que je devrais manger plus sainement, que je devrais m'occuper de ma carte sim, quand même (mon portable a été volé depuis début décembre), et tout le quotidien qui est toujours tout pareil.

Vivez votre vie si vous le voulez, je ne vous en empêcherais jamais, mais j'en ai juste assez qu'on me regarde avec des grands yeux quand je décide de donner une forme de diplodocus à mon pain de mie. Personne ne m'a jamais regardé bizarrement à l'extérieur du cercle. Alors j'y retourne. Et vous êtes bien entendus les bienvenus si vous voulez venir me voir -- l'étendue au dehors du cercle est tellement grande que je serais égoïste de vouloir garder tout ça pour moi. Mais, j'ai fait mon choix. J'ai décidé d'arrêter de courir après les gens, définitivement. J'ai décidé d'être un point tout seul. Je suis seule maintenant, mais ça va, peace. Je sais où sont situés les gens que j'aime, je sais que je peux les voir si besoin.

J'aime être seule parce que je vais rencontrer d'autres vagabonds bizarres à l'extérieur, on discutera pendant des temps, et pendant ces temps là, on sera des points agglutinés à un même endroit et on pourra peut être créer des nouvelles formes. Mais ils reprendront leurs routes comme je continuerais la mienne. Jusqu'à ce que je ne puisse plus marcher.

 

RIMG2802allez c'est 2015 fête du slip, je mets une photo de moi-même.

 

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