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10 décembre 2016

Cassius you're second best, second best, second best

Je procrastine.

 

Je passe mes journées à ne rien faire -- c'est, en ce moment, la seule chose qui ne m'irrite pas l'esprit. Je n'arrive à me lancer dans rien, définitivement pas dans ma vie, je veux simplement "faire ce que j'ai envie de faire", et parfois, ça implique buguer sur un aquarium pendant une heure à penser ce que les poissons peuvent passer leurs journées à faire. 

Je n'ai pas touché ma guitare depuis un mois et demie - elle refuse de me parler. Surtout, ça m'ennuie. Je ne sors rien de nouveau, je ne fais que jouer les mêmes mélodies en boucle, je n'arrive plus à m'envoler avec elle. 

Je n'écris plus sur mon blog de musique - parce que ça ne me fait pas vibrer comme avant. Même à l'écoute, j'ai l'impression que tout se ressemble, j'ai l'impression que mon coeur s'est fermé. Je n'arrive plus à me concentrer sur l'intégrité d'une chanson : elle est détachée, je l'écoute par à-coups, elle passe en fond sonore. La musique n'est plus elle-même, elle est, en ce moment, qu'une addition. Je déteste me sentir brimée, je déteste me sentir morte à l'intérieur, je déteste constater mon manque de réaction, je déteste remarquer que je ne réagis pas. Ou moins. 

Je n'arrive plus à écrire - j'écris les mêmes choses en boucle. J'écris que je suis dégoûtée, j'écris que je suis triste, bouhouhouh, pauvre petite personne occidentale du 21e siècle. Et quand je me relis, je veux tout balancer, parce que c'est moche, et parce que c'est triste (indice : je ne relirai pas cet article avant de le publier). Je me dis, à quoi bon, il n'existe pas d'histoire qui n'a pas déjà été contée, je n'ai rien de nouveau à apporter. Je n'ai aucun message à souligner. Je n'en vois pas le but, je n'en vois pas l'utilité, si ça n'est plus cathartique. 

J'arrive plus à rapper. C'est bête, mais je bugue une phrase sur deux. Même celles que je connais par coeur. Même celles que je débitais sans erreurs, maintenant ma pensée est moins claire, j'hésite, je suis imprécise. J'étais déjà pas très bonne à la base, maintenant, j'en ai peur d'ouvrir la bouche.

Je n'arrive plus à avoir envie de manger, autrement que par la sensation de la faim. Je ne rate jamais un petit-déjeuner, parce que c'est le meilleur moment de la journée, mais la suite, c'est plus du remplissage qu'un réel plaisir. Rien ne me tente, rien ne me fait envie, et surtout, l'aspect hédonique est réellement absent. 

Je n'arrive pas à me lever le matin. J'ai tellement pas envie de me lever. Je n'en vois pas l'intérêt, encore une fois. C'est bête, mais dès que je met le pied hors du lit, toute ma tranquillité s'effondre - c'est le principe même de vivre, je crois. Je pleure parfois, au réveil, parce que j'ai peur de la journée à venir. 

J'arrive pas à être satisfaite de mes études. J'ai l'impression de m'être trompée de voie, de ne pas être à ma place, c'est pas du tout ça, ce que je voulais.
Après je me demandais ce que je voulais, et je me souviens que j'ai jamais pu savoir. Même ça, je sais pas faire : choisir une idée & m'y tenir. 

Je ne suis pas satisfaite de mon travail, et là, par contre, je ne sais même pas pourquoi. C'est, pourtant, tout ce que j'aime. J'ai la chance de pouvoir exercer dans une équipe qui me correspond, dont la mission me correspond. Je suis au contact de personnes qui, déjà, m'apprécient, pour ce que je suis, pour ce que je fais. Je sais qu'on m'y attend, qu'on veut me voir. Je me sens utile, et j'ai toujours dit, si jamais tu es triste, fais quelque chose d'utile, tu te sentiras mieux. 
C'est dur de faire quelque chose d'utile quand on se retrouve bloqué à vouloir se frapper la tête contre un mur juste pour pouvoir arrêter de penser. C'est dur d'être utile quand on arrive même pas à lever la tête pour regarder les gens en face, et c'est dur d'être utile quand on arrive à peine à respirer. 

Je dors par contre, ça, beaucoup. Je pleure aussi, preuve que je ne suis pas entièrement morte, qu'il y a bien quelque chose, tout au fond, qui fonctionne encore, preuve que je me rend bien compte qu'il y a quelque chose qui cloche. 

Je dessine, aussi : des choses morbides, des dessins dégueulasses. Mais ça, ça me fait plaisir, j'admire les immondices que ma cervelle est capable de créer, et ça me rassure. Je me dis qu'au moins, ça je sais faire, être mélancolique, aimer les trucs gores; je me dis que j'appartiens au moins à un groupe, j'appartiens au moins à un sentiment. 

 

Je n'ai jamais eu autant envie de rien dans ma vie, en ayant tout. 

Je m'en veux, de ne pas réussir à saisir tout ce qui se trouve à ma portée. J'ai, pour une fois, de la chance dans ma vie, mais je suis incapable de savoir en profiter.

Alors je me demande pourquoi je faisais des choses avant, et la réponse, je crois, était pour me prouver que je n'étais pas une merde. 
Enfant, je voulais exceller dans le dessin, ou dans la musique, je me disais que comme ça, j'aurais des amis, ou, à défaut, des personnes qui m'envieraient. Qui me respecteraient, qui pourraient se dire "hey, cette personne là-bas, c'est pas une merde !".
J'ai couru dans tous les sens dans ma vie pour tenter d'être bonne en tout, plus je multiplie les domaines d'intérêt, plus j'aurais de chances que l'on m'apprécie. J'apprenais les chansons que les autres voulaient entendre, je dessinais pour les gens de ma classe, encore maintenant, j'aime bien quand on me demande de faire des croquis de tatouage, ou quand on me demande un dessin, aussi débile soit-il. Je me sens utile, encore. 
C'est de là que j'ai tiré le peu de fierté que j'ai pu ressentir dans ma vie, avant de me dire "de toute façon, ce que t'as fait, c'était nul", j'avais une demi-seconde de légèreté quand on me disait "merci", ou "tu sais bien jouer", ou "j'aime bien comment tu dessines".

 

Alors, je me demande ce qui a changé maintenant, et ce qui a changé maintenant, c'est que j'ai jamais été aussi déçue de moi-même. Pour plein de raisons, mais en ce moment, dans ma tête, je me shoote à l'arbalète quand je me vois passer. Ce qui a changé, c'est que je suis incapable d'être satisfaite de ce que je fais. Je n'ai plus huit ans, je n'ai plus seize ans, j'ai vingt-quatre ans, et je dois commencer à faire les choses pour moi-même.

Je dois commencer à m'auto-féliciter pour ne pas être une merde, parce que les adultes s'en foutent de savoir si tu sais chanter, faire du nasofûte, réciter Naheulbeuk par coeur ou dessiner des pénis plus-jolis-que-les-pénis-dessinés-par-les-autres. Je dois commencer à faire ma route pour ce que je suis, croire en mon potentiel, toussa, toussa.

Sauf que je n'ai jamais su comment faire, parce que je ne me suis jamais aimée. J'ai toujours attendu que quelqu'un d'autre le fasse à ma place. Mais c'est pas comme ça que ça marche. J'ai peur de ne jamais savoir comment faire, vraiment. J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose de vital, et c'est de la fierté. J'ai pas cette case, chez moi. J'ai envie de me donner des baffes, plus que de me respecter, et c'est très clairement un problème.

J'ai, je crois, confiance en moi, par contre - je sais que je suis une bosseuse, que je peux connecter deux-trois neurones de temps en temps, je sais que je peux produire. Mais une fois que c'est fait, c'est tout : ça ne va pas plus loin. C'est le vide. J'ai confiance en moi comme on va faire pipi le matin : par habitude, par défaut, parce qu'avant, j'ai déjà fait, donc je suis supposée savoir refaire. Mécaniquement. Je n'attache pas de sentiments positifs sur ce que je fais. 
Que de la négativité, que les défauts, que des "peut mieux faire".

Alors pourquoi continuerais-je à faire des choses, si je n'en tire aucun plaisir ?

Je sais pas comment on fait pour être fier, et j'ai peur de ne jamais réussir.

yeeeesss

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