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Je n'aime pas les heureux perpétuels.
L'heureux perpétuel est la personne qui, dès la première rencontre, va venir s'avancer vers toi en suivant une trajectoire directe sans aucun obstacle, d'un pas décidé, les bras en avant, prêts à accueillir la pauvre petite brebis que tu es. L'heureux Perpétuel se reconnaît grâce à son cercle de vénérateurs qui l'acclame souvent par la phrase "Ah toi alors, quelle joie de vivre !", grâce à son sourire colgate et ses fringues qui ne seront jamais, oh grand jamais, noires, froissées et extravagantes.
Donc l'HP arrive vers toi, tout sourire, tout beau et bien présentant, et essaye d'entamer la conversation avec toi avec une petite blague histoire de briser la glace (nulle, la blague au fait), et va pousser la caricature en s'intitulant d'un sobriquet qui ne va QU'AUX heureux perpétuels, genre "Je m'appelle Suzanne, mais tu peux m'appeler Sunny". Et là c'est le drame, parce qu'une fois que l'heureux perpétuel t'as adressé la parole, il n'existe aucun moyen légal de s'en débarrasser.
Car l'heureux perpétuel ne peut pas comprendre que sa présence n'est pas forcément voulue, et surtout, il ne peut pas concevoir que lui, petit rayon de soleil visant à faire grandir les marguerites, puisse être gênant. L'HP ne connaît pas le sarcasme et le cynisme. L'HP prend tout du bon côté, même si tu le traites de sale tchèque enculeur de mouches, il va te répondre par un petit rire (très important le petit rire), suivi d'un "Ah ouais pas mal ta blague, mais un peu raciste et dégueu quand même".  L'heureux perpétuel est un boulet qui s'accroche à votre pied dès le moment où vous lui serrez la main ou dès que vous reconnaissez son existence.
Si, par malheur, vous avez eu l'incroyable folie de le regarder dans les yeux, alors vous êtes foutus.
Voilà donc, d'une manière la plus concise possible, ce qu'est un Heureux Perpétuel.

Mais maman, pourquoi haïr un heureux perpétuel ?

Parce que l'heureux perpétuel, c'est le maaaaaaaaal.

1) Parce qu'il est ultra bavard. C'est un peu comme le râleur que rien satisfait, mais en version positive. Il va tout trouver tellement trop bien qu'il sera dépassé par tant d'euphorie, et se sentira obligé de vous faire part de son enthousiasme pour une sculpture en coquillettes.

2) Parce qu'il est épuisant. Toujours plus con, toujours plus feune, tel pourrait être son leitmotiv. L'heureux perpétuel a tendance à faire un tas de trucs inutiles et insensés juste pour se prouver qu'il kiffe toujours autant les choses, même si elles sont inutiles et insensées. L'heureux perpétuel est du genre à vous demander de danser le tango sur Mozart, l'Opéra Rock en plein milieu d'une sieste, par exemple. C'est amusant au début mais il faut reconnaître que 24h/24, ça commence à être du lourd dans la connerie (et vu qu'il est ultra bavard, par conséquent il a aussi beaucoup beaucoup d'idées)

3) Car il est dépourvu de tout esprit critique. Généralement, lors de la première prise de contact, vous êtes bon pour trois heures de monologue de sa part relatant ses dernières vacances dans le trouducul du monde qui étaient "magnifiques et vraiment bucoliques", sa visite au musée de la construction du droit international qu'il trouve "Intéressant" et son achat de disque de Benjamin Biolay qui "a une certaine sensibilité, quand même". L'heureux perpétuel, en plus d'être un heureux perpétuel, n'a AUCUN avis, étant donné qu'il aimera TOUJOURS TOUT. L'heureux perpétuel est chiantissime à mourir, car enthousiaste même s'il va matter chasse pêche et tradition. Il est quasiment impossible, et c'est une tâche perdue, d'essayer de prouver à un heureux perpétuel qu'une chose peut vraiment être naze, car même dans la nullitude, l'heureux perpétuel trouve sa situation, et ce qui l'entoure, intéressant.

4) Parce qu'il arrive à l'heureux perpétuel d'être triste, et là, dieu ait votre âme, c'est la fin. C'est un peu comme essayer de reconstruire des pyramides. On y arrive, mais on voit généralement pas la fin de son oeuvre de son vivant. Lorsque l'HP est déçu, il est vraiment déçu, c'est le pire choc de sa vie, et à chaque fois, il a l'impression que c'est la fin. Outre la difficulté de lui redonner un peu confiance dans le monde, il faudra aussi supporter ses lancinants "Oh non mais j'y crois pas, comment est ce possible ?" et autres "Je suis tellement déçu que je voudrais mourir". Ce qui m'amène au

5) L'Heureux Perpétuel ne connaît pas la vraie vie, ayant toujours été content et jamais triste (ou du moins, très très peu, ou alors beaucoup mais refuse de ressentir la moindre parcelle de tristesse). Ce qui fait que l'heureux perpétuel prend certains faits anodins d'une tournure extrêmement dramatique. Il est difficile pour un HP, qui vit dans son monde onirique à la Casimir, prés verdoyants et amour infini entre tous les hommes, de passer à la réalité, qu'on pourrait qualifier de Tortues Ninja, où l'on vit caché du monde avec seulement trois potos et un rat à bouffer des pizzas, où les belles actions ne sont pas valorisées et où personne ne connaît votre nom. L'HP ne possède pas la transition "j'ai souffert un peu, donc quand il va m'arriver quelque chose d'un peu moins grave je saurais relativiser". Parce que sans vouloir me la jouer GénéralVétéranduVietnam, quand on souffre, ça nous forme, et on accepte mieux la vie telle qu'elle est, ce que l'HP ne pourra jamais, ô grand jamais, comprendre.

Comments

[Paperboat]

Mmmh bien vu Camille, mais elle fait partie des boulets prétentieux (je la citerai en exemple quand je cracherai mon venin sur eux, horribles petits cafards)

[Camille]

tiens, tiens, ça m'fait penser à une personne en particulier, de sexe féminin...prénom qui commence par un L. et qui fini par Dia. J'dis ça, j'dis rien.