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3 août 2023

La vérité est juste en face de toi

Le dernier article date de 2021. Le ton de celui-ci sera différent. Petit blog, petite thérapie, petit carnet à idées noires, journal désorganisé de mes tranches de vie, me revoilà.

 

Page blanche, comme ma genèse.

Au début il ne fut rien. Plus tard, tout est compliqué.

Tout est trop plein, d’idées, d’envies, de pensées. Qui ne vont pas dans mon sens, qui m’étourdissent, qui me font mal.

Maladie. Trois syllabes que je pensais avoir acceptées, mais finalement, non. Un mot que je pensais avoir dépassé, mais, finalement, non. Une définition qui prend de la place dans ma vie, contre ma volonté. Je n’accepte pas. Je n’accepte pas d’être malade.

Je n’accepte pas d’avoir des bâtons dans les roues. Que tout me demande plus d’efforts. Je n’accepte pas mes défauts, je n’accepte pas de voir les effets de la maladie sur ma vie. Je n’accepte pas car c’est injuste.

Et, c’est peut être ça la maturité : accepter ce qui est et avancer avec, pas contre. Une leçon que je n’ai apparemment toujours pas comprise.

Ma maladie est invisible. Elle l’est pour moi aussi. Je ne sais pas quels matins elle va décider de frapper plus fort, ou quels soirs elle va m’envelopper. Je n’en sais rien. Je la subis. Je fais avec. Je ne l’ai que très peu apprivoisée.

Je ne sais pas quels jours je vais perdre pied.

Je suis sur une échelle. Dont je monte les barreaux petit à petit. Et ces barreaux cèdent sous mes pieds : parfois qu’un seul, parfois beaucoup. Parfois je ne fais que trébucher, parfois, je chute, et j’escalade à nouveau cette même échelle, pour arriver à ce même but : être en bonne santé. Je ne me stoppe jamais de gravir cette échelle.

Je fais tout pour être en bonne santé. Je multiplie les médecins, les traitements. Et au final, je me retrouve au point de départ. Au bas de l’échelle. Les barreaux cèdent tout de même.

Et je ne comprends pas pourquoi mon échelle est si fragile. Pourquoi la mienne ne fait que se briser, quand les autres montent, montent, avec joie et bonheur, et voient d’autres horizons.
Alors, que ce soit clair, j’ai aussi vu d’autres horizons, et j’ai réussi, par moments, à monter moi aussi sur cette échelle. Mais pour toujours retomber. Pour toujours devoir user de ruse afin de remonter. Toujours se dire que cette fois-ci, c’est la bonne, on sera stable. Savoir monter cette échelle malgré sa fragilité. Savoir se poser délicatement pour ne pas la casser. Répartir son poids équitablement pour mieux monter. Je sais, tout ça. Je sais remonter.

Mais je suis profondément fatiguée. J’avais pas signé dans la vie pour être un bousier. Je me vois vraiment pareille : en train de pousser mes excréments de vie en face de moi pour aller les cacher. J’ai cru longtemps être papillon : être un truc pas trop joli qui sortirait enfin de sa chrysalide. Mais je suis bousier.

Je me sens comme Sisyphe, pour la référence moins scatologique. Je pousse toujours mon caillou de vie, mes bagages. C’est lourd alors que je voudrais être légère.

Je me sens enchaînée. Parfois je me sens m’envoler, être contente, et finalement, aller trop loin, comme si je me brûlais les ailes et que je devais inlassablement retomber sur le sol.

Je me sens dans une cage, où les règles ne sont pas miennes. Un petit rat de laboratoire qui galère face à ses camarades, celui qui fait planter l’expérience. Spécial, mais pas dans le bon sens. Celui qui fait chier.

Je me sens désemparée. J’ai l’impression d’avoir tout essayé. J’ai l’impression de faire tout ce qu’il faut. D’être sur le bon chemin. Mais de ne jamais en goûter les fruits.

Alors, peut être qu’il faut que je t’accepte, saleté de dépression. Je sais pourquoi tu es là, contrairement aux années où je me demandais pourquoi tu étais à mes côtés. Je comprends ta présence, mais, encore une fois, je ne l’accepte pas. Je n’accepte pas que tu me suives depuis si longtemps. Je ne supporte pas que tu me suives de si près. Que tu me reprennes toujours dans tes bras. Je n’aime pas tes embrassades et tes câlins. Notre relation est toxique. Et elle dure depuis 31 ans.

Trente et une années où tu me suis de près, où tu es là, où tu m’observes évoluer. Et trente et une années que tu n’acceptes pas que je m’épanouisse. Dès que j’ai un semblant de respiration sans toi, je te ressens dans mon dos. Je sens ton souffle. Je sais que tu n’es jamais bien loin. Je sens ta présence, tapie loin dans mon cerveau, dans mon inconscient.

Récemment, j’avais plus ou moins réussi à te garder à distance et à m’offrir un semblant de vie NORMALE. Tout ce que je souhaite. J’étais tellement heureuse. Je pensais avoir enfin réussi. Je pensais que mon traitement était enfin adapté. Que j’avais trouvé la parade. Je me sentais heureuse, mais surtout, je me sentais forte. A ma place. C’était tellement bon.

Mais non, tu étais là et tu attendais ton heure. Tu as toujours été là, je le vois maintenant, dans les coins où je ne regardais pas. Tu n’es jamais vraiment partie. Tu es sournoise, tu teintes tout de ta couleur grise dégueulasse, tu m’enlèves tout ce que j’ai de bon. Tout ce que je construis est comme contaminé par toi. Et je ne le supporte plus.

Je ne comprends pas, en fait. Mais il n’y a rien à comprendre. Je suis telle qu’elle. Je ne supporte plus ton joug.

Alors, j’ai envie de tout arrêter. Là, tout de suite, j’ai juste envie de me laisser aller. Je ne vois pas le fruit de mes efforts. Je ne rentrerais jamais dans la case. J’ai l’impression que tu as gagné, dépression. Je n’ai plus envie de me battre contre toi. Ce n’est pas comme si je n’avais pas essayé. Trente et un ans à vouloir rentrer dans le cadre de la vie, à voir tout le monde dans la vie, et moi me voilà, à côté, inadaptée, avec mes pulsions. Je suis une mauvaise élève, je n’arrive pas à apprendre, à mettre en pratique la vie. Je suis sur le côté.

Je ne ressens plus l’envie de me battre contre toi. Tu as des pouvoirs que je ne comprends pas. Et je vois pas comment faire pour y échapper. Je n’ai jamais fui contre toi. Je t’ai toujours regardée dans les yeux, j’ai toujours combattu contre toi.

Mais là, je suis fatiguée. Je crois que ma stratégie ne fonctionne pas. Ou ne fonctionne plus, peu importe. Il faut que je trouve autre chose. Dépression, j’ai fait la méditation. J’ai fait le Yoga. Je fais la marche. Je fais les arts. Je fais les amis. J’ai fait l’EMDR. J’ai fait le traitement. Je fais les rendez vous mensuels chez le psychiatre depuis quatre ans maintenant, assidue à mon combat contre toi comme je l’ai jamais été auparavant. J’ai mis tellement de choses en place. Mais toi, tu reviens. Tu reviens quand même.

C’est comme si je me baladais dans le métro de la vie, tranquille, que je faisais tout pour t’éviter, et que ce métro me ramène inévitablement à la bouche de l’enfer de Chatêlet les Halles. Insupportable.

Alors, écoute, là je sais pas. Je ne sais plus quelles cordes il reste à mon arc. Je ne sais plus quelle technique de ninja je vais devoir encore trouver pour t’outrepasser, toi et ton autorité.

Je trouverais, car je suis extrêmement têtue, j’ai trente et un ans maintenant, le combat de ma vie, c’est toi.

Mais là, je suis fatiguée.

 

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