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6 avril 2016

Cold to see clear

Je ne sais pas quoi dire - ou comment raconter mon rien, et, je crois, que dans mon cas, cela a toujours été positif. J'ai tenté de coucher sur papier plusieurs fois mes sentiments l'année passée, et, je n'ai pas réussi. Je n'ai jamais réussi à finir, je n'ai jamais réussi à exprimer correctement ce que je voulais dire, je n'ai pas su trouver les mots, surtout, j'ai l'impression que mes mots s'en sont allés.

Ou peut-être n'ont ils jamais existé. Peut-être sont ils pour toujours bloqués. Je crois que je n'arriverais jamais à me partager. Je crois bien que je n'arriverais jamais à rejoindre. Parce que rejoindre, ça implique l'existence d'un lien déjà existant.

J'ai l'impression que je me balade sur la seule ligne funambuliste du monde. Je crois que je me suis développée bien en dehors de tout le reste. Un peu comme un perce-neige qui tenterait de fleurir en plein Sahara. Et qui aurait réussi.

Alors vous savez quoi, pour la première fois, cela ne m'avait plus atteinte. Depuis deux ans (d'ailleurs mon nombre de posts a fortement diminué depuis deux ans), j'accepte mon statut d'edelweiss, comme le nouvel album de Nada Surf, je sais qui je suis, je sais bien qu'il m'est inutile de vouloir me mixer parce que je suis un peu comme de l'huile, je suis un corps gras qui glisse sur tout. Je ne m'attache à rien. Je passe lentement, et je m'en vais, aussi lubrifiée que je suis venue. Ma seule interaction s'arrête là. J'ai rencontré quelques personnes qui voulaient me mélanger. Elles ont essayé. Et j'ai essayé, j'ai essayé tout ce que j'avais aussi. Mais je ne me mixe pas. 

Je ne sais toujours pas qui je suis, et vous savez quoi, pour la première fois, il y a deux ans, j'ai arrêté de chercher (momentanément). Je me suis posé d'autres questions. J'ai décidé de choisir qui j'allais être, et ma vue sur moi a bien changé. J'ai décidé que je ne serais plus abattue. J'ai décidé que je ne laisserais plus les autres me déterminer, parce qu'ils ne peuvent me comprendre. J'avais décidé de travailler, quelque chose que je ne m'étais jamais donné la peine de faire, parce que j'étais persuadée que j'allais faillir. Alors j'ai failli. Mais j'ai arrêté d'y accorder de l'importance. 

J'ai fait énormément de chemin. J'étais en retard sur pas mal de strates dans ma vie, un peu comme un diplodocus se pointant au 19e siècle après une longue sieste. J'ai vite couru, j'ai changé de vie, j'ai changé d'environnement. Cela m'a satisfaite. Cela m'a satisfaite jusqu'ici.

Je ne sais toujours pas qui je suis, mais je crois que désormais, je suis arrivée à la conclusion qu'il ne sert à rien d'être quelqu'un. Je crois fermement que nous sommes assez sur ce monde pour avoir au moins un double de soi-même. Je ne l'ai jamais rencontré. Mais je sais qu'il existe. Et je lui envoie mon amour. Je lui envoie également ma lettre de démission.

Voyez-vous, je ne vois plus l'utilité d'avoir des buts. Je ne crois pas à la destinée toute tracée (et dieu sait que j'aimerais y croire, je ne suis que paradoxes). Je ne crois plus au chemin. Je crois que la vie est merveilleuse, mais qu'il ne sert à rien de vouloir la magnifier par notre personne. Je suis persuadée que nous ne sommes rien. Je ne dis pas ça pour moi, je dis ça pour tout le reste. Je crois que c'est pour ça que je ne rentre pas dans le moule. Je ne suis pas une tarte. Je suis du côté flan de la force. Je ne vois pas l'intérêt de développer des buts. Je ne vois toujours pas l'intérêt de vouloir arranger sa vie pour le mieux. Qu'est ce que le mieux ? Pourquoi un mieux est-il mieux ? Excepté que nous le définissons comme tel ?

Je crois que les gens définissent le mieux comme relevant à eux-mêmes. Dans le sens où si quelque chose est mieux, c'est quelque chose qui leur bénéficiera au maximum. Si quelque chose est mieux, c'est parce qu'il y a un niveau. C'est parce qu'il y a une norme, quelque part, qui délimite le mieux et le pire.

Alors je me pose la question, que se passe-t-il lorsqu'on a pas de normes ? Que se passe-t-il lorsque le soi existe aussi peu que le cerveau de Robert Ménard ? Que se passe t'il lorsqu'on en a, réellement, rien à foutre ? 

J'ai l'impression que la notion de mieux est fortement reliée à l'égo. Vivre mieux, dans l'imaginaire collectif, c'est être en accord avec ses objectifs. C'est se donner des buts, et les atteindre. C'est ressentir de la fierté pour avoir fait un pari, et avoir atteint une attente. 

Que se passe-t-il lorsqu'on comprend, finalement, que cette course au mieux est tellement vaine ? Que se passe-t-il lorsque l'égo est tellement faible, qu'il n'a pas réellement de plans pour lui-même ?

J'ai tenté, tenté, de maintes fois, d'être quelqu'un, de me définir, mais je n'ai jamais, jamais, jamais aimé ça. Je m'aime, pourtant. Pendant longtemps, c'était ça, le problème. J'étais persuadée que le problème, c'était que je me détestais. J'étais persuadée que c'était pour ça que je n'arrivais à rien. Trop peur de l'échec.

Maintenant que j'ai grandi, je vois la chose sous un angle différent. Je pense que j'ai confiance en moi. J'attends mes objectifs. Mais je ne me sens pas mieux pour autant. Je me sens toujours égale. Je ne me sens pas fière. Pourtant, je suis moi, cette fois-ci. J'ai des projets définis, j'ai des envies, j'ai envie de créer mon chemin. Mais j'ai l'impression que je serais toujours incapable d'en tirer une quelconque fierté. Je me donne des buts parce que je m'emmerde. Je me donne des airs de personne déterminée, mais je suis à deux phalanges de tout plaquer et d'aller vivre en Islande. Je crois que je n'aime pas la fierté. Je ne sais pas pourquoi. Ce n'est pas un sentiment que j'ai ressenti de multiples fois. Mais je l'ai ressenti. Et, écoutez, j'ai pas trouvé ça si génial que ça. J'ai été fière d'avoir accompli certaines des choses que je m'étais fixée. Je suis déjà flemmarde d'en trouver d'autres. Je n'aime la fierté que si je la ressens pour quelqu'un d'autre. Soit, l'opposé de la fierté.

Je suis fière de mes soeurs. Je suis fière de ma mère. Je suis fière de m'être toujours débattue, même dans les moments où je croyais en moi aussi fermement que je crois dans notre gouvernement de gauche actuel. Mais, je ne comprends pas pourquoi chez moi, cela ne reste pas. C'est toujours fugace. La fierté s'en va tellement rapidement. Parce que la fierté, ça n'est, au final, que l'expression de l'amour que l'on se porte.

Et c'est là que je trouve que ça devient intéressant : je crois vraiment que je m'aime. Je sais que ça n'a pas été le cas pendant environ une décennie, mais je m'aime juste assez. Juste ce qu'il faut. En fait, je ne m'aime pas dès que j'interagis avec les autres. Parce que l'autre apporte une attente que je n'ai pas envie/que je ne pourrais pas combler. Et parce que ça me fait chier que l'on attende quelque chose de moi, alors que je n'attends rien de personne.  Je n'ai jamais compris ce qui pouvait pousser des gens à t'appartenir. Une attente est foncièrement différente d'une demande, dans le sens où elle est non-verbale.

Les demandes, je les gère sans problèmes. Je sais ce que je peux donner, je sais ce que je ne peux pas. Je donne beaucoup, lorsqu'on demande consciemment. Je me ferme dès que l'on attend quelque chose de moi. Peu importe la chose. Je refuse le concept même que l'on puisse attendre quelque chose de moi.  

Je m'aime quand je n'interagis pas, donc. Je me sens au mieux lorsque je suis seule. Et je n'ai pas besoin de fierté, je m'en fous de n'avoir rien accompli de grand dans ma vie, et de ne pas avoir de but, dans le fond. Je sais que je trouverais toujours un nouvel intérêt, je sais que je m'occuperais, de n'importe quelle manière. Je ne supporte pas le fait d'être obligé de se donner une destination dans la vie, et de devoir la suivre. Je voudrais, en fait, accéder au stade de chose spirituelle. Je n'aime déjà pas manger et dormir. Je voudrais être la paix que je ressens en ce moment même, quand j'écoute ce nouvel album de Nada Surf. J'aimerais être la joie que je ressens quand j'arrive à communiquer avec un corbeau (j'en dresse un en ce moment, en face de ma fenêtre, il me regarde de ses grands yeux bleus, il s'étonne que je lui donne à manger, et il reste de plus en plus longtemps à ma fenêtre). Juste ça. C'est ça, pour moi, l'important. Je voudrais être la sérénité que je ressens lorsque je vois la mer, quand je regarde un fleuve couler. Je voudrais être la chaleur d'un doux soleil d'été. Je veux être ce moment insaisissable, ce minuscule moment que l'on passe en apnée, entre chaque respiration.  Je ne comprends pas qu'on puisse être intéressé par quelque chose d'autre, et je ne comprends pas qu'on veuille chercher à être plus grand que ce que l'on est déjà. Je crois qu'étant lilliputienne, je n'ai sûrement pas le même regard sur la vie. Je me sens bien quand je suis seule, car je ne me sens pas pervertie par les pensées parasites des autres. Je ne veux pas d'argent. Je ne veux pas de carrière. Je crois que je ne veux même pas de liens. Je veux juste la paix. Ne pas accéder à cette paix me rend physiquement et mentalement malheureuse. 

Je crois fermement que si je meurs demain, rien ne changera. Je ne ressentirais rien, parce que je serais morte. Je retournerais à la poussière d'où je viens. Je suis en accord avec ça. Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur de souffrir lors de ma mort, ce qui est foncièrement différent. Et je compte sur mon  cerveau pour s'évanouir au bon moment. 

Et ça me désespère de voir que je pense déjà comme ça à 23 ans. J'ai l'impression d'avoir tout vu en accéléré, comme je sais si bien le faire. Maintenant je suis au bout. Je suis loin d'avoir tout vu. Mais j'ai compris que si je vois ou si je ne vois pas, au final, dans la grande balance de l'univers, cela ne fait rien. Je suis une grand-mère feuillage en puissance, déguisée dans un petit corps d'humaine. 

D'ailleurs, ça me fait bien rire quand on suppute que dans le cycle de la réincarnation, être un animal, c'est être inférieur à l'homme. L'homme est rempli de doutes, vit bien trop longtemps pour voir les choses qu'il aime se fâner, l'homme est bien trop tenté par les paradis artificiels, l'homme souffre à cause de son égo, principalement. L'homme souffre de l'écart qui existe entre l'image qu'il se fait de lui-même, et ce qu'il est vraiment. L'homme se fatigue à se donner des airs, des apparences. L'homme se souvient, l'homme ressent. Le but ultime, c'est d'arriver à être un éphémère. Ne vivre qu'un court laps de temps, n'avoir qu'un seul but, ne pas avoir le temps de se tromper, ne pas avoir le temps de douter. Ne pas avoir le temps de réfléchir, et embrasser son destin. Ne pas avoir d'égo, et donc ne pas avoir un certain standard à respecter. Un animal est. Et c'est bien là toute la différence. Je serais tellement heureuse en tant que ver de terre. Je serais heureuse avec une mission pourrie dont personne n'en a rien à foutre. Parce qu'au moins, on me fouterait la paix royale. Et je me foutrais la paix à moi-même par la même occasion. Je ne souffrirais pas d'être avec mes congénères, parce que je ne chercherais pas à me démarquer d'eux par tous les moyens. Je serais juste ver de terre. Et je mourrais avant même d'avoir pu expériencer la notion de fierté. Le pire pour moi, serait d'être éléphant. Une mémoire bien trop aiguisée, mélangée à une espérance de vie beaucoup trop longue, pour quelqu'un de cette sensibilité. Les éléphants, big up,  je vous plains.

Quant à moi, je ne suis toujours qu'un ver de terre amoureux des étoiles.

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