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24 avril 2013

Now or never

Le soleil patrouille de nouveau bien haut dans le ciel, conséquemment, mon moral aurait dû suivre. Non pas que je me taillade les veines à coup de ciseaux maped dans mon lit (noir) écoutant radiohead (noir) les volets fermés (noir), buvant des cocktails de canard WC/dissolvant (noir) et en faisant des poèmes (noirs), mais disons que je suis tristounette, je rechigne à la bonne humeur générale.

Tout le monde est de nouveau abonné aux sourires en plastique distribués à tout le monde dans la rue (c'est un peu comme ça que je vois les gens au printemps, emplis de lumière, leurs zygomatiques s'activent de manière automatique, mais pas volontaire, un espèce de réflexe archaïque que les humains ont face au soleil printanier), et comme d'habitude, moi je me tiens un peu en arrière, le sourire présent, mais la jovialité absente. Mouais. Je ne suis pas convaincue. Alors laissez moi sauter dans mes gros sabots de rabat-joie (taille 35, je pense me reconvertir en mannequin pour pieds en Chine), et laissez moi vous narrer ce qui se passe en mon moi intérieur, derrière la forteresse de plexiglas teinté où j'observe tout le monde, sans qu'ils ne puissent, eux, me zieuter en retour.

 

Donc. Récemment, j'ai trouvé une réponse importante à une question que je me posais depuis longtemps. Qui était même LA question de ma vie. Sauf qu'au lieu d'être soulagée, ça a soulevé un tas d'autres questions subsidiaires. Des tas d'autres questions pour lequelles je n'ai même pas un embryon de réponse, un début de phrase, de pistes. C'est un peu comme lorsqu'on finit un jeu vidéo, ce sentiment mitigé extrême : oui, tu as fini ton jeu, tu es content, mais d'un autre côté... Que faire par la suite ? Voilà. Je viens de finir le premier tome du jeu vidéo de ma vie, j'ai affronté un big boss que j'ai envoyé paître méchamment à coup de high kick, un peu comme j'ai noyé ce cafard dans de la javel sans aucun remords, et voilà. Maintenant je sais pas quoi faire.

Désoeuvrée. Comme tous les jeunes qui squattent les cages d'escalier, j'ai l'impression que je vais commencer à zoner dans ma vie. Bientôt j'aurais des Nike Air et un survêt Lacoste, le jogging remonté sur une cheville et pas l'autre, ce qui sera la preuve de mon grand désorientement mental. Bref.

J'arrive pas à penser en série, c'est à dire de m'occuper d'un problème à la fois, de le traiter, et de passer à autre chose. Moi je pense plus en arbre : j'ai ce problème là, tout ça en découle, et faut que je me démerde pour en satisfaire chaque branche. Une tâche titanesque qui me décourage avant même de l'avoir entamée. Parce que je sais que je léserai forcément une partie, et mon esprit bipolaire ne l'accepte pas. Soit tout, soit rien, fin. Et j'ai beau me forcer à tenter de faire des choses à moitié, ça marche pas, je suis jamais satisfaite. J'arrive pas à occulter. Et ça a été comme ça toute ma vie. Genre je pouvais pas me contenter de faire de la guitare classique parce que ça me plaisait, non, je devais devenir LA référence en guitare classique, écrire un nouvel recuerdo de la alhambra, et me faire une carrière de chef d'orchestre. J'ai arrêté InfoCom malgré mes bonnes notes & le fait que ça me plaisait, juste parce que j'aimais pas les gens que j'y côtoyais chaque jour (bon avec des exceptions, je détestais pas tout le monde non plus, mais une bonne et grosse partie). Je peux pas manger juste un hamburger à McDo : il me faut le menu dans son entier. Je peux pas me contenter d'un trip rando au Pic St Loup, faut que j'aille faire le tour de l'Everest. Alors qu'au fond le but est le même : marcher sur des cailloux en s'extasiant sur les fleurs locales. Mais si je ne le fais pas autour de l'Everest, ça m'intéressera pas. Voilà.

Ce qui n'est pas si mal, parce que je sais qu'au fond de moi j'ai une force colossale, si je le veux. Si je veux vraiment quelque chose, et si je peux l'avoir sans faire pourrir une seule branche de mon arbre, je m'y donnerai à fond, et j'y arriverai. Si je veux savoir quelque chose, je le saurai, peu importe le temps que ça mettra. Si je veux apprendre à parler russe, je peux le faire en deux mois. Le seul truc où ma force colossale ne marcherait pas ça serait le sport, genre même si je veux devenir une super bonne basketteuse je pense pas que je réussisse, parce que 1) je fais 1m50 et conséquemment les T shirts d'équipe de basket me font des robes longues de gala (jaune fluo, certes, mais la longueur reste la même), et parce que 2) j'ai jamais cru dans le sport, c'est comme ça.

Donc oui, cool, j'ai une grosse énergie. Le côté maléfique, c'est que je peux utiliser cette très grande énergie pour ne rien faire. Et quand on déploie beaucoup d'énergie à ne rien faire, immanquablement, on finit par ne plus rien faire du tout. Je suis en hibernation d'énergie. J'ai colmaté mon énergie parce que je ne trouve rien d'intéressant à faire avec. Et que c'est épuisant d'avoir une énergie qu'on utilise pas, ça nous bouffe. Alors je l'ai enfermée loin dans mon placard et je l'ai oubliée. Et j'ai réussi, comme ça, à me construire un peu, de manière non bancale. Mais enfermer mon énergie m'a surtout permis d'être plus "normale", de me sentir plus à coté des gens. Soyons sérieux, les gens ont du mal à comprendre une personne qui a mortellement envie de lancer son académie d'agents secrets (et qui y croit), qui dans la minute d'après a une nouvelle idée à base d'élevage de chats chartreux, qui ensuite a envie de brasser sa propre bière, ou de se mettre au tricot de laine fluorescente.

Alors me voilà, devant mon gros dilemne. Ceux qui suivent le blog autant que ma grand mère suivait les feux de l'amour sauront que j'ai décidé d'arrêter de vouloir me changer (au niveau mental bien sûr, au niveau des fringues mon dressing est aussi rempli que celui de carrie bradshaw -ieuuuuuuuurk, la comparaison banale, banale - et je me change même plusieurs fois par jour juste pour le kiff).

Et je me pose cette grande question : Dois-je laisser toute mon énergie (qui m'effraie moi-même aussi hein, je savais pas que je pouvais avoir autant d'intérêt dans les claquettes par exemple) et être moi-même à 100% ? RELEASE THE KRAKEN comme dirait l'autre ? Me mettre en mode Super Sayan ? Faire sortir mon rasengan ? Au risque d'être encore plus toute seule et différente de tout le monde ?

Ou est ce que je dois continuer à revêtir mon déguisement de tous les jours, qui me va assez bien finalement (oui, à tout ceux qui me connaissent, je vous offre une version édulcorée de moi-même, alors imaginez la version non-censurée) ? Je veux dire par là, continuer mes buts basiques, avoir ma licence en psycho, me trouver un taff de base, et m'occuper comme tous les autres humains ? Rester dans la masse informe de gens et garder mon secret bien au fond de moi-même ?

Me voilà, donc. J'ai ces deux chemins devant moi et j'hésite terriblement. Je sais ce dont j'ai envie, mais j'ai peur des conséquences. Et je me demande si j'aurais le courage, aussi. Mais il faut que je choisisse. Bientôt.

 

scary_drawings_by_laurie_lipton26

je suis la femme en blanc voilée, je m'intègre bien parmi les morts.

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