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27 septembre 2016

We Can Work It Out

Je n'y arrive tout bonnement pas. Je suis rentrée depuis maintenant quinze jours, et comme dans La Haine, j'ai pas trop fait gaffe à mon atterrissage. 
Mais ça y est, j'ai atterri. Je suis de nouveau en France.

 

Tout a le même goût qu'avant. C'est comme si je n'étais jamais partie. Mes emmerdes se sont pointées aussi vite que Boutin était prompte à célébrer la mort de Chirac, et ça me gonfle. 

Tout est gris. Toujours les mêmes soucis qui tournent en boucle : la CAF, mon père qui m'assigne en justice pour la 54352e fois parce que je "ne fais pas d'études sérieuses", la fac qui n'est même pas capable de me donner correctement ma date de rentrée, l'EDF, ma carte sim jamais reçue -- car jamais envoyée, mais ça pour savoir, il FAUT APPELER, les mêmes soirées, les mêmes endroits, les mêmes rues. La même ville, ma même gueule, mes mêmes poils non épilés pour ma même flemme.

Rien de nouveau, j'ai l'impression d'avoir fait cent pas en arrière. Je vais rebosser à McDo, parce qu'il faudra que je me trouve un logement, parce qu'il faudra que je vive dans une ville que j'aime pas. 

 

Et puis après, j'en ai marre de moi, de mon insatisfaction. J'aimerais être satisfaite putain. Je crois que c'est ça que je veux dire lorsque je dis que je voudrais être normale : j'aimerais pouvoir être fière de moi et de ce que je fais. J'imagine que tu dois te sentir bien relax après. Pouvoir me dire "hey, mais j'ai fait CA", et arrêter de te détester deux minutes. Si je pouvais ne pas me détester pendant au moins une heure d'affilée par jour, ça serait cool.

Surtout que la personne lambda n'a pas l'air de se haïr. Je suis con, je pensais que tout le monde le faisait un peu. La personne lambda peut se satisfaire d'un "okay, j'ai merdé", et apprendre de ses erreurs, et recommencer tranquille. Personnellement, je me dis que j'aurais essayé, mais que quand même, j'aurais pu essayer mieux, do or do not there is no try, je me répète au moins un trillion de fois que je suis une merde, et puis après je m'excuse deux trillions de fois à la personne concernée, je me revois pendant des jours durant l'échec, une jolie rumination, je le revois tout en profondeur, en ralenti, en filtres Vintage, en pop-art, je sais, usuellement, exactement où je me suis plantée (mais pas le pourquoi). Je commence chaque tâche par "j'y arriverais pas de toute façon", avant de m'y atteler avec la foi d'un boeuf dans un champ Charal, puis je loupe, forcément, et après je m'en veux. 

Peut importe la tâche, je m'en voudrais. J'aurais pu sauter plus haut, j'aurais pu savoir faire une équation à trois inconnues, j'aurais pu déplumer ce paon sans vomir (note : NON), j'aurais pu avaler cette lave toute crue si je m'étais pas concentrée autant sur ma douleur, j'suis quand même faible, normalement, quand on veut, on peut. Y'a des histoires incroyables de personnes incroyables tous les jours, pourquoi pas moi. Et maintenant, je me demande si on peut vraiment dire de la "lave crue", car si elle est chaude, est-elle crue ? Elle est chaude mais non cuite, car son état naturel (et donc sans modifications) est d'être brûlante. Physicistes/linguistes, vous avez six heures. 

Et c'est même pas pour prouver quelque chose à quelqu'un d'autre. Je crois que c'est très personnel, que quelque part, je veux me prouver que je ne suis pas nulle. Sauf que, je ne prends pas les meilleures tâches pour me juger & me noter. Je prends les tâches les plus aléatoires où j'engage ma vision de moi-même, et bien sûr, lorsque je n'y arrive pas parce que c'est tout simplement pas mon domaine (POUR L'INSTANT), je me déteste un peu plus. C'est comme si qu'on jugeait un marin à sa capacité à cirer correctement des chaussures ou à résoudre le théorème de Fermat, pour le répudier car il n'est pas assez compétent. Je suis ce marin incompris, mais qui, libre, toujours chérira la mer.

J'arrête pas de répéter à tout le monde que je suis satisfaite d'être rentrée, satisfaite d'étudier, mais si vous saviez.

Si vous saviez combien je me chie dessus, il faudrait que je me fasse sponsoriser par Pampers. J'ai été refusée d'une Université, acceptée dans deux, et ce seul refus arrive à me faire penser que je ne suis qu'une sombre merde qui ne percera jamais académiquement. Que j'irais jamais en doctorat. Que je suis tellement débile comparé à tous mes camarades de classe. Je suis persuadée d'avoir un petit pois à la Homer Simpson. Ce qui m'interroge, car j'avais pourtant lu une étude déclarant que les personnes buvant le plus étaient les plus intelligentes (MAIS C'EST DONC CA, J'ESSAYE UN PEU D'ARRETER DE BOIRE DEPUIS UN AN, MYSTERE RESOLU).

Quand je raconte que je suis partie à l'étranger, je dis que j'ai "rien fait pendant deux ans". Je dis que "j'ai perdu du temps". Je dis que "je me suis perdue", que "j'ai travaillé pour des connards". Avant de me dire que non, j'ai quand même passé mon Master 1, j'ai trouvé des emplois dans un pays pas trop accueillant, et puis, j'ai survécu. 

Quelque part, ça n'est pas forcément négatif non plus, de se rendre compte de ses limites, et de vouloir exceller en tout. Tant qu'on est prêt à accepter l'échec de manière sereine par la suite. C'est cool, ça permet de se lancer dans l'inconnu, de ne jamais vraiment se limiter qu'à sa zone  de confort, de grandir. Ca permet également de se donner à fond dans ce qu'on fait, ce qui n'est pas une mauvaise chose.

Avoir une image réelle & réaliste de soi : je suis bon en macramé et à caresser des zèbres, mais je suis une douille quand il s'agit de remplir une bouteille avec un entonnoir (par exemple). Et ça sera pas très grave d'être naze en entonnoir, parce que de toute façon, plus tard, tu veux monter une école de macramé pour zèbres, alors bon.

Mais, c'est loin d'être mon cas. Je serais plus du genre à me demander pourquoi l'entonnoir agit comme un connard avec moi, c'est sûrement parce qu'il m'aime pas, ce putain d'entonnoir, et en fait il a raison, vu comment je le tiens mal il pourrait pas penser autrement, je suis sûre qu'il a déjà pris des milliards de photos de mon inconfort et qu'il les a déjà postées sur l'instagram des entonnoirs avec les hashtag #bolosse d'humaine #dégage et retourne en Humanie #grosse merde en entonnoir.

Voilà.

Et vous me verrez sourire, faire genre "ah désolé, je suis pas du tout forte en tenue d'entonnoirs, mais je vous l'avais dit en même temps", et repartir en toute loucedé, alors qu'en fait, dedans, y'a une partie de moi qui a déjà sorti un fouet, et qui pense à ériger une statue pour les entonnoirs en guise de pardon. Le tout arrosé de larmes qui coulent vers l'intérieur de mon corps, parce que le sel dans les organes, ça fait bien plus mal, et c'est bien plus rigolo comme ça. 

 

VOILA. 

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