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28 avril 2020

Pour m'défouler y'a pas grand chose d'efficace, j'passe mon temps à rouler en attendant qu'la vie passe

Salut salut, petit blog. Un petit passage par Mme Nostalgie m'a fait repointer mon bout du nez par ici. Un an et demi, deux ans, depuis ma dernière tirade à l'internet. C'est marrant, le fait que je ne consigne plus toutes mes élacubrations mentales scrupuleusement comme par le passé. J'ai appris à laisser partir beaucoup de choses, beaucoup de frustrations notamment, j'ai l'impression qu'à ma modeste échelle, je suis un petit Gandhi, petite Tahra qui s'embrouillait pour deux francs laisse place à une nouvelle version de moi qui a appris à respirer, ne serait-ce qu'un peu, histoire de survivre dans ce monde de brutes. Du coup, mon esprit s'arrête moins sur ce qui m'énerve, ce qui est assez bizarre à vivre quand on a vécu la plupart de ses années comme le capitaine Haddock. J'ai l'impression que mon esprit est devenu... plat, un peu comme l'encéphalogramme d'un teufeur après trois jours de freeparty, moins réactif, un vieil esprit à la Baloo qui se laisse aller par ce fleuve qu'est la vie. Genre tu me voles mon miel, je te laisse me frapper en plus gratuitement la joue gauche, avant de te faire la bise et de te souhaiter mes meilleurs vœux pour les mille années à venir.

A ça s'ajoute le fait que je semble avoir de moins en moins d'ambition pour le reste de ma vie. Peut-être qu'être en colère me donnait une certaine rage qui permettait de pousser mes projets de vie, de croire que tout est possible grâce au fameux pouvoir de l'amour, d'imaginer des choses un peu craquées que je commençais à faire un peu par folie, au risque d'échouer lamentablement (et dieu le sait, je me suis ramassée au moins aussi souvent qu'on a tué Kenny). Maintenant, j'entrevois le tout d'un air lointain. Je suis très peu connectée à mes rêves, même si je sais que je continue à les poursuivre quelque part, ils sont moins vivants en moi.

En fait, je suis détachée, à l'inverse de mes cheveux (confinés avec plus ou moins de succès depuis maintenant presque un an par une bande d'élastiques courageux qui meurent à la tâche). Je suis loin, sur un autre multivers. Le côté Baloo cité précédemment y est pour beaucoup : je suis, je crois, satisfaite d'avoir un toit, de quoi manger, la tranquillité avec les pitichats quand je rentre du travail. J'ai appris cette fameuse capacité « passer à autre chose », qui est certes très utile (j'ai enfin réussi à accepter mon échec de faire du nasoflûte, par exemple), mais qui me rend spectatrice de mes frustrations, de mes désirs.

J'ai donc la sévère impression d'être devenue quelqu'un d'autre.

Et je sais pas trop où j'en suis. D'habitude, les phases de transition, c'est toujours frénétique chez moi, je fais plein de trucs pour m'occuper l'esprit, pour me prouver que j'ai eu raison de prendre je ne sais quelle décision incongrue qui m'a amenée à changer d'environnement ou à me changer moi-même. Là, c'est comme si ma motivation faisait la sieste dans le grand match de ma vie, laissant l'équipe se débrouiller avec les moyens du bord. Je suis en suspens, en pause, et j'arrive pas à retourner sur le terrain. J'ai peut-être peur de retourner sur le terrain, peur d'être fatiguée, encore, sans résultats (parce que là toutes les décisions que j'ai pris dans ma vie m'ont amenée... à un point de départ, dans un 25m², seule, à bouffer des hamburgers congelés, avec un taff qui a rien à voir avec ce que je veux faire).

On m'a demandé sérieusement récemment si je savais ce que je voulais, la réponse est clairement non.

Je pense que je voulais réussir à devenir quelqu'un de normal, après toutes ces années passées à côté, et puis j'ai un peu réussi, et puis c'est un peu parti en couille aussi, mais j'ai quand même réussi à cultiver une espèce de tranquillité d'esprit que j'aurais jamais imaginé avoir un jour.

Maintenant que je sais que je peux le faire (et que de toute façon, c'est pas moi), ben je sais plus trop où j'en suis. Je sais plus trop où je veux aller, ce que j'ai envie de vivre (des trucs, oui, mais quoi?), quelle est la suite de ma balade sur cette Terre.

J'avoue aussi avoir l'impression qu'on va tous mourir dans vingt ans vu l'état de la planète, ou, à défaut, être enrôlé de force dans une guerre pour des ressources de premières nécessités comme de l'eau ou de l'ombre, donc je suis pas très motivée, là, tout de suite, à me bouger le cul.

(Est-ce que je viens réellement de citer le réchauffement climatique comme excuse à ma non-motivation ? Oui.)

 

Bon, être dans le flou, ça fait partie de mes spécialités, de mes skills. J'ai été experte en chaos dans ma vie (du style partir inopinément d'une coloc sur un coup de nerfs sans avoir trouvé son prochain toit, avoir été viré de sa coloc inopinément sans avoir trouvé son prochain toit, démissionner inopinément sans avoir trouvé préalablement de quoi assurer son toit actuel), alors voilà, normalement je devrais gérer tout ça. Me réinventer, trouver des nouvelles choses à faire, des nouvelles idées, c'est logiquement dans mes cordes, à moi et à mes quarante autres personnalités présentes.

Mais là je ne sais pas quoi faire, en vrai, j'apprécie la pause, je crois. Un peu trop longtemps, le problème est là.

Pour continuer dans les analogies pourries, c'est comme si j'étais une aveugle qui mourrait de chaud sur une plage, qu'on aurait lâché en plein milieu dans le sable sans aucune indication. Je sais même pas par où marcher pour me rafraîchir. Alors autant faire la sieste et bronzer.

(les vrais aveugles utiliseront leur sens de l'ouïe, bien évidemment, donc mon analogie est vraiment pérave, mais bon, je laisse passer, Baloo, toussa toussa).

 

J'ai même eu un blocage musical. Impossible de créer quoi que ce soit pendant trois semaines. Impossible d'écrire de nouvelles paroles, rien, comme si l'on traitait une vache ménopausée (encore une fois, analogie pourrie, je sais). Ca m'a fait bizarre, parce que c'est rare. Je vais pas dire que je suis toujours inspirée par des trucs de ouf (j'écris souvent des choses qui ne voient jamais le jour, un peu comme mes futurs bébés), mais y'a toujours un peu de quelque chose. Là, nada, rien, walou, peanuts.

Par extension, j'ai eu peur d'avoir perdu ma petite voix intérieure (celle qui gère ce blog depuis 2008, en gros). Avec le temps, elle s'est exprimée de plusieurs manières, mais toujours par l'écriture.

Tout ça pour dire que dans un désert d'idées de choses à faire, me remettre à écrire de la prose, à coucher sur papier mon incessante diarrhée mentale, j'ai un peu vu ça comme une oasis.

 

Alors me voilà, petit blog. Je te traite comme mon bouche-trou de CM2, je t'utilise que quand j'ai besoin, mais que veux-tu : je n'ai pas grand-chose d'autre à offrir, à part la reconnaissance que tu me fais du bien. Et c'est peut-être ça, ce qu'il me faut, me reconnecter avec les choses qui me font du bien, au lieu de toujours penser à produire quelque chose dont je serais invariablement déçue (parce que bon, ça c'est plutôt resté fixe, j'ai toujours l'amour propre que les Balkany offraient à « grain de riz »). M'ouvrir et essayer, au lieu d'anticiper un résultat.

 

Et puis voilà, j'enchaîne les mots, et j'arrive plus à m'arrêter (de toute façon quand ça me fait du bien, j'ai du mal à arrêter, team hédoniste à mort). Je pensais pas que ça me ferait cet effet là.

Je m'imaginais bloquer au bout de quelques phrases, comme tout ce que j'entreprends actuellement.

 

Comme quoi, je ne suis peut-être pas si vide en ce moment, en fait. Il faut juste que (comme d'habitude) j'apprenne à communiquer, principalement avec moi-même. Et je m'écoute pas, je me fuis en permanence, sûrement parce que j'ai du mal à m'accepter. Et je ne m'accepte pas parce que je me juge, tout le temps. Est-ce assez bien ?

Alors comment m'écouter quand tout ce qui m'intéresse, c'est de me noter, de m'assigner une valeur, une hiérarchie ?

 

Vous avez quatre heures.

 

Autoportrait de mon agonie

photo volée au musée d'anatomie de Montpellier

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Commentaires
T
Salut,<br /> <br /> Te lire a été un agréable moment, je me suis retrouvé plusieurs fois dans tes réflexions au début de ton récit car je vis un peu la même chose en ce moment. <br /> <br /> Cependant, je pense en avoir une vision plus optimiste et moins critique que la tienne. En effet même si nous avons mis en pause notre épanouissement dans la société, en terme de reconnaissance sociale ou d'élévation sociale c'est, a mon sens afin de nous recentrer sur nous. <br /> <br /> Pour ma part je me sens bien plus épanoui depuis ma mise en pause ahah <br /> <br /> <br /> <br /> Désolé de mettre intoduit a ce point dans ton intimité par contre, je pensais pas découvrir quelque chose d'aussi personnel quand j'ai cliqué sur le lien Facebook ahaha <br /> <br /> <br /> <br /> Ps : j'aime bien ton style d'écriture mais parfois le surplus de familiarité le rend un peu indigeste
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